L'histoire du château
Saint
Aubin du Cormier est un de ces sites qui entrent très tôt
dans l'histoire du duché de Bretagne et qui accompagnent
toute l'évolution politique et économique de la région.
La ligne de crête qui domine un vaste paysage près
de la forêt de Rennes où Pierre de Dreux aimait chasser
lui donna l'envie d'édifier une forteresse : les travaux
commencent donc en 1255.
Outre l'intérêt sentimental, le choix du site répond
à d'autres impératifs :
- situé à quelques lieues des Marches de Bretagne,
il est un passage obligé pour les Français qui montrent
fréquemment des velléités d'invasion.
- Il permet également la surveillance du château de
Vitré (le baron André III est le beau-frère
de Pierre de Dreux mais ils sont tous deux en froid pour une affaire
d'héritage). Fougères n'est pas loin non plus et mérite
attention même si le duc est en droit d'espérer que
le jeune Raoul lui restera fidèle. D'une manière plus
générale, Pierre de Dreux pratique une politique de
construction militaire intense pour se positionner en pouvoir central
face aux grands féodaux armoricains qui se montrent souvent
turbulents.
- Enfin, Saint Aubin est au centre d'une région agricole
riche dont il convient de poursuivre le défrichement commencé
il y a un siècle. Il faut alors assurer aux paysans et aux
bourgeois que l'on attire ici une protection suffisante pour que
l'endroit reste attractif. La bourgade sera aussi et pour les mêmes
raisons dotée de nombreux privilèges (exonération
des redevances seigneuriales en particulier).
Quelques précisions sur le promoteur de ce château
: Pierre de Dreux, " bailliste " du duché de 1213
à 1237 (il meurt à son retour de croisade en 1250)
fut surnommé par la suite Pierre Mauclerc. Ce nom signifierait
ou bien " clerc qui a mal tourné " (il aurait étudié,
dans sa jeunesse prime, pour embrasser une carrière ecclésiastique)
ou bien " celui qui est contre les clercs " (par allusion
à ses heurts fréquents avec le clergé breton
et à une politique souvent anticléricale). Venu d'Ile
de France (il est fils de Robert II de Dreux, l'un des principaux
vassaux du comte de Champagne). Il est un étranger pour les
Bretons et ne sera donc pas officiellement duc mais " bailliste
" du duché, titre qu'il obtient par son mariage avec
Alix, héritière de la famille ducale. En 1213, le
roi de France, Philippe Auguste, fidèle à sa politique
de centralisation hexagonale, a véritablement en main les
destinées de l'Armorique et exige de Pierre de Dreux l'hommage
lige (c'est le lien plus étroit et le plus contraignant de
la vassalité). Mauclerc doit s'exécuter et il restera
fidèle à son serment jusqu'en
1224 !
En dépit de ce lien de vassalité et dès son
accession au trône, l'ambition du " bailliste "
(son fils, Jean Ier le Roux, oeuvrera dans le même sens) sera
de faire de la Bretagne un véritable état : réalité
économique dotée d'une organisation administrative
élaborée et soutenue par un puissance militaire significative.
Dès 1232, le château de Saint Aubin du Cormier prouvera
son utilité. Les troupes du roi de France, Louis IX (que
certains appellent Saint Louis) l'assiègent mais sans succès.
Rappelons que, 3 ans plus tôt, Pierre Mauclerc, soucieux de
s'affranchir de la " protection " de son voisin français,
a fait hommage du duché au roi d'Angleterre Henri III.
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