L'histoire du château
Le site du Château
Vieux de Roquetaillade était déjà connu du temps des Gaulois. C'est
un lieu de défense naturel situé sur un piton au milieu du paysage
riant du Bazadais. On a trouvé dans les fossés des silex taillés
qui témoignent de la présence des premiers habitants de la contrée.
Une vieille tradition locale veut que Charlemagne soit passé par
Roquetaillade et y ait construit des fortifications. D'ailleurs
tout le site baigne dans la légende depuis l'origine des temps:
tradition de guérisons miraculeuses, existence d'un trésor caché,
grottes préhistoriques sous le château, souterrains dont personne
ne sait trop où ils vont.
1 - Du château
vieux du XIIe siècle au Château Neuf du XIVe siècle
Entre le XIIe siècle
et début du XIVe siècle se constitua peu à peu sur ce site le Château
Vieux, ensemble composite dont subsistent notamment le donjon, la
tour-porte et les grandes salles. Très vite l'histoire de Roquetaillade
se confond avec l'histoire de l'Aquitaine. En 1152, Eléonore d'Aquitaine
épouse en secondes noces, le jeune Henry Il Plantagenêt, lui apportant
en dot les terres d'Aquitaine qui deviennent ainsi possession de
la couronne d'Angleterre. C'est une époque de commerce florissant
entre l'Aquitaine et l'Angleterre. Les Français exportent du vin,
les Anglais l'art des fortifications... Ces nouvelles techniques
venues d'Angleterre vont permettre au Cardinal de la Mothe, au début
du XIVe siècle, de faire construire le Château
Neuf. Le cardinal était le neveu du pape Clément V, premier pape
français à résider en Avignon. Clément V était né à Villandraut
où il se fit construire un palais-forteresse. Cinq de ses neveux
firent d'ailleurs eux aussi bâtir dans le voisinage des châteaux,
qu'on appelle les cinq châteaux clémentins.
Le Château Neuf, contrairement au Château Vieux, est conçu comme
un tout. Ses dimensions plus ramassées permettent de le défendre
à partir de l'énorme donjon central qui domine l'ensemble. Cette
présence d'un donjon central fait de Roquetaillade un exemple uni
que dans l'architecture de la région. Tout est bâti en pierre dure.
Encore maintenant, on constate que les murs sont parfaitement d'aplomb,
sans aucun affaissement. Les voûtes sont dans un état parfait de
conservation. Si le cardinal de la Mothe revenait aujourd'hui, il
retrouverait son oeuvre à peu près telle qu'elle est sortie, au
XIVe siècle, des mains des bâtisseurs.
Ce palais-forteresse d'un nouveau genre était ainsi nommé parce
qu'il pouvait servir à la fois de résidence pour le seigneur et
de bâtiment défensif. Les archives du château ont brûlé, mais grâce
aux archives de la Gironde, on peut assez facilement reconstituer
ce qu'était la vie à Roquetaillade. Le château-fort était le centre
de toute une agglomération (village, fermes, chapelle), dont les
habitants pouvaient se replier dans les murs de la forteresse en
cas d'attaque.
En effet, dans la société féodale, si le seigneur avait des droits
sur les vassaux et serfs, en revanche il avait aussi le devoir d'exercer
la justice et de les protéger en cas d'attaque, ce qui se produira
fréquemment pendant la Guerre de Cent Ans (1337-1453). La guerre
et la chasse étaient les principales activités des seigneurs. Même
en temps de paix, ils ne perdaient jamais une occasion de lancer
des expéditions de rapine contre leurs voisins, alimentant ainsi
une multitude de conflits locaux. ils devenaient même pillards à
l'occasion. Ainsi en 1243, Gaillard de la Mothe et quelques comparses
s'emparent du bétail circulant sur les chemins publics, au point
qu'un mandat d'amener est lancé contre lui.
Si le Château Vieux peut sembler assez modeste comparé au Château
Neuf, il n'en reste pas moins que les deux bâtiments sont complémentaires
et offrent un parfait exemple des progrès accomplis dans l'art de
la fortification au cours des XIIIe et XIVe siècles.
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