L'histoire du château
Vraisemblablement
entreprise par la famille des Humbaud d'Huriel, la construction
de ce donjon commence à l'orée du XIIème siècle,
la tour de pierre remplaçant une simple tour charpentée.
Avec le perfectionnement des armes de jet, on augmente une première
fois la hauteur du 1er bloc vers le milieu du XIIème siècle,
avant de lui donner son élévation définitive
( 24 mètres au parapet ) à fin du XIIème ou
au début du XIIIème siècle. Une galerie en
bois couverte – le hourd – qui ceinturait l'édifice
à mi-hauteur, permettait des rondes et couvrait le pied de
la muraille.
Au XIIIème
siècle, on entoure la ville de remparts, et des fossés
inondables sont creusés autour de la Toque, laissant la tour
isolée sur son îlot, uniquement relié à
la ville par deux ponts amovibles.
A la fin de la guerre
de Cent ans, la Toque perd son intérêt stratégique
pour le roi de France : la ville close dominée par le donjon
était situé jusqu'alors sur la frontière du
comté de la Marche, allié traditionnel des ducs de
Guyenne, rois d'Angleterre. Jean II de Brosse, seigneur des lieux,
décide donc de rendre son donjon plus habitable : il le coiffe
d'un toit à 4 pans, le flanque de 4 tourelles reliées
entre elles par une enceinte à chaque angle et lui ajoute
des dépendances. Voilà la vieille tour devenue agréable
résidence ! Cette campagne se double d'aménagements
intérieurs : on perce les grandes fenêtres à
meneaux, on construit les cheminées à hottes des étages,
et un début d'escalier entre les salles qui remplace l'ancien
système d'échelles.
Après
le départ au XVIème siècle de la famille de
Brosse, la Toque connaîtra de nombreux propriétaires,
le manque d'intérêt de ces derniers provoquant la ruine
progressive de l'enceinte et des tours. A partir de 1779, jusqu’en
1879, les fossés seront comblés ( en raison des épidémies
qu'ils provoquent), et les remparts démolis. La Municipalité,
nouvelle propriétaire du Donjon ( depuis 1879, le classement
Monument Historique intervenant en 1885), arrive juste à
temps pour sauver deux des quatre tours. Elle entreprend avec l'architecte
Darcy, une vaste campagne de restauration en 1903 : le toit est
démoli, et remplacé par une terrasse qui offre un
des plus beaux panoramas du Bourbonnais. On construit aussi une
tourelle d'escalier, qui permet d'accéder aux étages
et après une montée de 105 marches, à la terrasse.
Un siècle plus tard, le Donjon appartient toujours à
la commune, qui assure sa conservation ainsi que celle de l'Eglise
Notre-Dame : il abrite un musée de la Vigne et du Moyen-Age
dans trois de ses salles, et accueille dans les deux salles restantes
des expositions estivales.
La famille Huriel
:
La ville d'Huriel
reprend au XIXème siècle les armoiries de la famille
de Brosse (1265-1514) dans son blason : « d'azur à
trois brosses ou gerbes de blé d'or, liées de gueules
».
Cette famille est
restée dans la mémoire populaire comme la plus célèbre
des maisons seigneuriales huriéloises. Le fait s'explique
par la valeur et le renom militaires de certains de ses membres
ainsi que la présence jusqu'à la Révolution
de leur mausolée familial dans l'ancienne église collégiale
Saint Martin d'Huriel, aujourd'hui disparue. On peut toujours voir
au musée l'unique vestige de cette nécropole : le
gisant de Pierre Ier de Brosse, seigneur d'Huriel.
Parmi les membres
de cette illustre famille, nous citerons:
- Roger de Brosse
: chevalier valeureux, il participa à la Croisade de 1248
(sous Saint Louis). L'un de ses fils, Guillaume fût évêque
de Meaux, du Puy, de Bourges (dont il consacra la cathédrale
en 1334).
- Jean Ier de Brosse
: il s'illustra dans la carrière des armes sous les ordres
de Jeanne d’Arc. Il était présent au sacre
de Charles VII à Reims en 1429 et aux côtés
de Jeanne d’Arc quand celle-ci fut faite prisonnière.
- Jean II de Brosse
: homme de guerre comme son père, il s'illustra en Normandie
aux diverses batailles et sièges qui marquèrent
la fin de la guerre de cent ans.
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