L'histoire du château
Pour le fils cadet
de Jean Babou, Henri III érigea la baronnie de Sagonne en Comté.
Mais ce fils fut tué à la bataille d'Arques. Ses héritiers vendirent
le château à Charles de l'Aubespine, marquis de Chateauneuf, garde
des sceaux, qui en prit possession en 1631. L'Aubespine ne profita
guère de son acquisition. Poursuivi par la haine du cardinal de
Richelieu, il est emprisonné en 1633, et demeura enfermé pendant
10 ans. Après diverses transactions et l'année même où il accèdait
à la surintendance, Mansart devient propriétaire du château, ainsi
que de celui de Jouy. L'architecte de Louis XIV prit le titre de
comte de Sagonne et son rôle de seigneur haut-justicier très au
sérieux. Le roi avait promis de séjourner à Sagonne alors qu'il
devait aller prendre les eaux à Bourbon l'Archambault. Mansart s'empresse
alors d'adapter le château féodal au style nouveau. A cet effet
il détruit une partie de l'enceinte, aménage à l'est des terrasses
longeant les douves, dégage une grande avenue et transfert l'entrée
du château du côté des étangs. Il construit un grand bâtiment du
côté nord et aménage un vaste jardin à la française clos de murs.
Son fils et son petit-fils Jacques, architecte de mérite, lui succèdent.
Mais en 1767, ruiné par un procès malheureux, ce dernier doit céder
ses droits à sa cousine Anne d'Arpajon, duchesse de Mouchy, gouvernante
de la dauphine Marie-Antoinette. Retenue à la cour Anne d'Arpajon
vend en 1769, la seigneurie à la famille de Boisrenaud. Saisi comme
bien national sur émigrée, le château est acheté par le principal
fermier des propriétaires. Le district révolutionnaire a déjà décidé
de dégarnir les couvertures des faîtages de plomb pour confectionner
des balles. A cet effet, il a réquisitionné les femmes du bourg
qui, désirant échapper à cette corvée, se sont déclarées successivement
toutes enceintes. Le nouveau propriétaire et ses successeurs ne
cherchent qu'à tirer parti de la vente des matériaux de toutes sortes
qu'ils récupèrent au fur et à mesure qu'ils démolissent les corps
de logis et annexes.
Jules Hardouin
Mansart
Au XlVème siècle
et jusqu'aux travaux de Mansart, le château était protégé par une
enceinte comprenant deux portails fortifiés et huit tours. Deux
de ces tours, plus larges et plus hautes étaient reliées au donjon
pour former avec celui-ci, une seconde ligne de défense. Le château
actuel est pour l'essentiel, celui qui a été édifié vers 1300. Encore
entièrement ceinturée par de larges douves, une partie des courtines
subsiste, avec un portail fortifié et quatre tours. Ces constructions
ont conservé leurs dispositifs de défense: herse, assommoirs, archères,
canonnières, casemates de tir etc... Contre cette enceinte sont
adossés des bâtiments des XV - XVII, et XVIIIème siècles, qui étaient
pour partie destinés à l'habitation et à l'approvisionnement de
la garnison et pour l'autre partie à des écuries qui pouvaient contenir
plus de cinquante chevaux.
Bien que dépourvu de ses couvertures le gros oeuvre du donjon demeure
imposant, Il est constitué d'un bâtiment rectangulaire qui contenait
les grandes salles seigneuriales. Deux tours rondes le cantonnent
à l'ouest. Une tour carré qui était pourvue d'une herse et d'un
pont levis commandait l'entrée de la construction. Ces tours contiennent
les chambres, toutes dotées de latrines particulières, la tour carrée
contenait aussi la chapelle qui a conservé un décor peint représentant
des perspectives d'architecture où des colonnes ioniques ne sont
pas sans ressembler à celles du Grand Trianon de Versailles.
Anne
d'Arpajon
Duchesse de Mouchy
Deux escaliers intérieurs
desservaient les étages. Au XVème siècle, pour améliorer le confort,
on édifia à l'est une tour spécialement destinée à contenir un large
escalier de 170 marches. Cette tour, garnie à son sommet de bretèches,
présente à chaque étage et demi-étage de délicates allèges sculptées.
A la même époque le pourtour du donjon fut garni d'un couronnement
de machicoulis sur arcs évidés en forme de trilobes. Au rez-de-chaussée
un grand passage voûté traverse le donjon. Les portes, cheminées
ont reçu un décor sculpté d'une grande qualité d'exécution.
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