historique et de description du chateau
«
Dieppa » est attesté en 1030. Un petit village de pêcheurs
existe sans doute dès cette époque et tire son nom
du fleuve côtier né de la confluence des rivières
Arques, Eaulne et Béthune. Mais c’est la conquête
de l’Angleterre par les Normands à compter de 1066,
qui va lui donner toute son importance par le développement
des relations transmanches. Guillaume le Conquérant se rembarque
pour la Grande-Bretagne depuis Dieppe le 6 décembre 1067.
La ville connaît une prospérité croissante à
compter du XIIe siècle. Le château est fondé
en 1188 et disputé entre Richard Cœur de Lion et Philippe
Auguste. Celui-ci dévaste la nouvelle forteresse en 1195
et en profite au passage pour incendier la cité.
Dieppe joue un rôle considérable durant la Guerre de
cent Ans. Des marins et corsaires dieppois mènent un raid
victorieux sur Southampton en 1339. Les Anglais s’en emparent
en 1420 et la conservent 15 ans durant. Elle est libérée
par Charles des Marets pour le compte de Charles VII, le 28 octobre
1435. C’est certainement vers cette époque que la forteresse
fait l’objet d’une totale reconstruction. Assiégée
une dernière fois par les troupes de Talbot en 1443, l’armée
royale commandée par Jean de Dunois (Le Bâtard d’Orléans)
et le jeune dauphin Louis (futur Louis XI) contraint définitivement
les Anglais à quitter le secteur en août.
Le château :
Construit sur la
colline qui domine la ville et la mer du côté de l’ouest,
il fut élevé en 1435 par la rébellion de Caux,
soulevée alors contre l’occupation anglaise. Tandis
que le château d’Arques était resté anglais,
ainsi que le Pollet avec sa bastille et ses forts, Dieppe avait
secoué le joug et ne fut jamais repris. Pour se défendre,
il bâtit le château qui subsiste encore aujourd’hui.
C’est un carré de bâtiments flanqué de
quatre tours circulaires, construit en pierre et en silex et dont
l’ensemble est entouré de profonds fossés. L’architecture
a perdu tout caractère distinctif. L’histoire seule
témoigne de la fondation et atteste l’origine de cette
masse imposante qui ne fut jamais détruite.
On montre encore une fenêtre par laquelle on prétend
qu’en 1650 la duchesse de Longueville, organisatrice de la
Fronde en Normandie, descendit pour se sauver à Pourville
et de là en Hollande. Comme nous l’avons déjà
dit, le XVIe siècle ajouta au château la tour du clocher
de l’ancienne église de Saint-Rémy.
Abbé Cochet
« Répertoire archéologique du département
de Seine-Inférieure »
Paris, 1871. |