L'histoire du château
Le
Château de Moulineaux fut édifié vers les XIème
XlIème siècles Richard Coeur de Lion y séjourna.
Son successeur, Jean sans Terre, 13ème duc de Normandîe
en partit en 1204, pour aller assassiner à Rouen son neveu
Arthur de Bretagne.
Dans l'entrefaite, le Roi de France, Philippe Auguste entreprenant,
la conquête de la Normandie, investit aux Andelys la redoute
réputée imprenable, construite dix ans plus tôt
par Richard Coeur de Lion.
Jean sans Terre pensant retarder le triomphe de Philippe fit démanteler
la petite forteresse de Moulineaux et se réfugia dans son
royaume d'Angleterre. C'est ainsi que les Rois d'Angleterre perdirent
la Normandie. Ainsi furent séparées Normandie et Angleterre
dont en 1066, Guillaume le Bâtard avait fait, avec la bénédiction
du Pape, le royaume anglo normand.
Attachant beaucoup de prix au verrou de Moulineaux, Philippe en
releva, une première fois le château.
C'est que la petite place forte contrôlait l'entrée
de Rouen où le Roi de France édifiait le château
dans lequel en 1430 1431 Jeanne d'Arc fut emprisonnée. Château
qui fut démoli au XVIe siècle. On possède la
liste des capitaines qui gardèrent au nom du Roi de France,
le bastion de Moulineaux. En 1418 les Rouennais croyant, à
leur tour, à l'im. portance stratégique de Moulineaux
en sacrifièrent les tours et les firent sauter. A leur avis,
il y avait là de quoi empêcher les Anglais de se fortifier
d'ans leur conquête de notre Province. Ils se trompaient car
les Anglais demeurèrent à Rouen de 1418 à 1449.
Dès lors, les ruines furent la proie des pillards, des brigands,
des réprouvés, des chouettes, des grands ducs, des
fantômes. Pendant des siècles personne n'osa plus vivre
sur la colline. Les habitants de Moulineaux se signaient en passant
dans les parages et ne s'y aventuraient, jamais à la nuit
tombée, Les ruines émergeaient de la forêt pour
sombrer dans la brume ou dans l'obscurité. On racontait que
le soir, les nuages bas transportaient dans leur voyage, la silhouette
fantastique des murailles, les stigmates de tous ceux qui avaient
péri en s'aventurant dans les ruines.
Au début du XIXe siècle, les romantiques rodèrent
à Moulineaux. Des gravures allemandes représentent
les ruines s'élançant par dessus les broussailles,
les ronces, les muriers sauvages. En 1870, les francs tireurs s'y
battirent. Les Prussiens dépensèrent plus d'hommes
pour la prise de Moulineaux que pour colle du Havre.
L'histoire moderne du Château Robert le Diable ne commence
vraiment qu'en 1903. Le propriétaire de la colline M. Oscar
Cosserat fit défricher les vestiges du Château, relevé
par Philippe Auguste. Audacieusement, il rêva de restituer
au paysage l'ancienne forteresse. Il rebâtit au Nord la tour
de Rouen, au Sud celle de Bourgtheroulde, consolida les souterrains.
Grâce à lui le Château Robert le Diable ressuscita
de ses cendres.
Les Rouennais le dimanche visitaient parfois le Château. Un
petit musée dans lequel étaient exposés des
souvenirs ramassés lors des fouilles en 1903, avait été
aménagé dans la Grande Tour. En quatre années
de 1940 à 1944 tout cela disparut, volé, dispersé,
anéanti, saccagé.
Dix ans après en 1953, Roger Parment entreprit avec une poignée
d'amis de sauver une fois de plus ces ruines séculaires,
toujours abandonnées et toujours protégées.
Le 12 avril 1954, le Château Robert le Diable était
rendu aux Rouennais sur la Colline de Moulineaux. C'est à
dire, qu'ils pouvaient enfin visiter les ruines, sans risque de
tomber au fond d'un puits de 114 mètres, sans risque d'être
précipités du sommet des remparts ou du faîte
des Tours. Ils pouvaient en toute quiétude, en se laissant
guider à travers les souterrains et les salles aménagées,
visiter ce cadre incomparable d'où l'un découvre l'un
des plus beaux panoramas de Normandie.
Texte de Roger Parment
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