L'histoire et description du château
1- Historique
Beaucaire fut d'abord
Ugernum, site romain contrôlant le Rhône à la
traversée d'une voie primordiale. Le rocher dominant le Rhône
fut alors couronné d'un monument dont les fouilles ont retrouvé
la trace. À l'époque des comtes de Toulouse, un millénaire
plus tard, l'ancien monument fut transformé en une puissante
forteresse, qui résista en 1216 à un siège
mémorable et destructeur d'une durée de treize semaines,
lors de la conquête de Simon de Montfort. Beaucaire devint
à partir de 1226 forteresse royale, bastion face à
la Provence; les rois de France la fortifièrent pour qu'elle
devienne leur étendard au-dessus du fleuve. La déchéance
survint en 1632, par le démantèlement des fortifications
tournées vers la ville, ordonné par l'administration
royale.
2-
Description
Ce site superbe ne
comporte plus que quatre éléments en élévation
:une tour maîtresse au plan curieusement triangulaire; une
tour circulaire bâtie à la cassure de la falaise; une
tour-porte à bossages, cantonnée d'une chapelle castrale
romane. Au-dessous, vers le Rhône, demeure un châtelet
d'entrée qui n'était accessible que par un chemin
escarpé. Mais les fouilles ont révélé,
depuis plusieurs
décennies, un château bien plus complexe, qui prenait
assise sur le monument romain, et qui vécut un demi-millénaire
en évoluant au gré de la sénéchaussée
de Beaucaire Nîmes, siège du pouvoir royal en Languedoc.
Le château se décomposait en deux secteurs : une basse-cour,
au Nord-Ouest, qui comprenait le monument gallo-romain, et dont
le seul élément bien conservé est la grande
tour circulaire (il en existait au moins quatre primitivement) de
type philippien. Cette tour a été bâtie après
1226, comme en attestent son allure et son couronnement hourdé.
Au Sud-Est., sur la partie la plus haute du rocher, était
le castrum. L'entrée était défendue par une
porterie à deux tours révélée par les
fouilles; on accédait de là à une belle tour-porte
à bossages contemporaine de la chapelle Saint-Louis, auparavant
chapelle Saint-Michel. La date de construction en est controversée,
en raison du style roman de la chapelle; il pourrait s'agir des
années 1216-1226, mais la qualité de l'appareillage
de la porte incline à une datation plus tardive encore.
Dans la cour noble s'articulaient des logis accolés aux courtines
percées d'archères du XIIIe siècle, certainement
royales; les fouilles ont mis au jour le grand escalier qui, sous
ces logis, allait rejoindre en contrebas une porte à herse,
assommoir et archères dominant le Rhône, du mire s.
royal.
Enfin, l'élément de choix est la tour maîtresse
qui faisait coin entre cour noble et basse-cour; elle présente
un plan exceptionnel, triangulaire. L'analyse de ses maçonneries
révèle au moins trois phases de construction. La première,
marquée par l'usage d'une maçonnerie à bossages
d'angle, fut probablement édifiée entre 1216 et 1226,
après le siège de Simon de Montfort. Une surélévation
intervint peu après 1226, pour ménager un chemin de
ronde hourdé; bien plus tard, au XVe siècle, l'ensemble
fut amplifié de deux niveaux voûtés et d'une
terrasse à mâchicoulis.
3 -
Bibliographie
CONTESTIN, M., "
Le château de Beaucaire ", Bulletin monumental, t. 13L
1973, p. 129136. SCHNEIDER, L., " Beaucaire. Le château.
Sauvetage programmé 1988 ", manuscrit du 5 mars 1988
déposé aux Archives départementales du Gard.
Texte extrait du
livre de Jean Mesqui Chateaux
forts et fortifications
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