Description du château
Aux
alentours de 1448, date qui marque le refus d'hommage de Thiébaut
IX de Neufchâtel à son suzerain le Roi René
d'Anjou, Duc de Bar, le Maréchal de Bourgogne adapte Châtel
à l'artillerie nouvelle. Vers l'Ouest, il élève
la porterie avec ses quatre tours en chicane au niveau du sol de
la ville, c'est-à-dire en contrebas du promontoire.
Plusieurs témoins
de cet ensemble défensif ont été mis à
jour puisqu'une salle d'artillerie, dotée de deux canonnières,
occupe le volume intérieur de la Tour du Boulevard et que
le puits de la Tour de la Place a été remis en eau.
Pour la zone Sud, une chemise d'artillerie avec canonnières,
poterne, pont-levis, assommoirs, englobe la Tour de l'Etuve et vient
se raccorder à la Tour du Charbon. D'abord parallèle
au rempart érigé par Henri Ier de Vaudémont,
cette seconde enceinte se poursuit au-delà du promontoire
jusqu'à la tour et la porte de la Campagne. La Tour du Parterre
renforce ce complexe défensif au "dispositif bien articulé
et hiérarchisé dont chaque partie joue un rôle
actif dans la défense du tout " témoignant une
excellente connaissance de la poliorcétique.
Plus remarquable
encore est peut-être la conception des deux enceintes superposées
côté Nord. Protégées par des fossés
secs de 57 mètres de largeur dont les textes d'archives décrivent
la défense au moyen de pieux et de palissades, elles présentent
quelques particularités qu'il nous faut brièvement
énumérer. Disparité entre l'enceinte intérieure
très épaisse et soigneusement appareillée,
dont les tours atteignent jusqu'à 18 mètres de diamètre,
et l'enceinte extérieure plus hâtivement construite
mais dont la capacité défensive ne fait aucun doute,
tant sont efficaces les tirs horizontaux par lesquels les tours
de flanquement se protègent mutuellement. La contrescarpe
existe, masquant pour l'ennemi le dispositif militaire, mais elle
ne prendra sa pleine valeur que lorsque le dégagement des
grands fossés aura progressé.
Vingt deux tours,
deux enceintes dont la longueur cumulée atteint 1,4 kilomètre,
une centaine de canonnières, parfois superposées sur
deux ou trois niveaux, telle est la protection du château
vers 1450. Deux siècles plus tard on songera encore à
utiliser ce dispositif puisqu'un Officier du Génie de Louis
XIV le représentera entouré d'un bastionnage à
la Vauban qui ne sera jamais construit.
Un réseau
perfectionné de celliers, de puits, de galeries et de salles
à usage utilitaire complète la visite. Les objets
retrouvés dans les fouilles permettent de restituer d'une
manière très vivante le contexte de la vie quotidienne
à l'intérieur de cet énorme ensemble fortifié.
Citons surtout les précieux boulets de fonte qui expliquent
combien le passage à l'artillerie de campagne a marqué
les lieux. Et les innombrables tuiles vernissées (pavage
ou toiture) qui soulignent l'originalité d'un monument comtois,
témoin de la poussée bourguignonne en Lorraine romane.
De nombreux documents, une maquette, des plans, accompagnent la
présentation des objets au rez-de-chaussée du couvent
Notre-Dame tandis que son soussol est réservé au musée
lapidaire.
2 - Le couvent
Notre-Dame
Cet harmonieux bâtiment
dont le fronton porte le millésime 1710, a été
sauvé de la ruine par l'Association du Vieux Châtel.
C'est le 25 juin 1706 que le Duc Léopold octroya aux religieuses
du Monastère fondé à Châtel dès
1622 par Saint Pierre Fourier lui-même, un vaste terrain sur
l'emplacement de l'ancien château. Les religieuses se consacraient
à l'éducation des jeunes filles nécessiteuses
et c'est pourquoi à la Révolution, elles bénéficièrent
de l'appui de la population. Leur expulsion eut cependant lieu en
deux temps, en Octobre 1792 et Mars 1793 tandis que l'adjudication
des bâtiments traînait jusqu'au 14 Prairial An III (2
Juin 1795). Devenus école primaire de filles et très
abîmés par la dernière guerre mondiale, ils
échappèrent de justesse à la démolition
et abritent actuellement le centre culturel Guyot d'Avilley, du
nom du premier Bailli de Châtel.
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