L'histoire du château
Centule
le croisé, l'un des plus grands chevaliers de la Chrétienté,
qui éleva ces murailles avec l'argent de ses seigneuries
d'Aragon, arrachées aux Sarazins, par delà les montagnes.
Ces remparts, d'ailleurs, furent bien utiles pour décourager
les agressions du Comte de Comminges qui essaya, par félonie,
de profiter des croisades de Centule. En 1213, la défaite
des armées du roi d'Aragon et de ses vassaux des comtés
et occitans à Muret contre les hordes sanguinaires de Simon
de Monfort, priva la Bigorre de la protection de ces rois de Barcelone.
Cela allait permettre, par de basses manoeuvres, au Roi d'Angleterre
de s'emparer épisodiquement de ce château en 1255,
1259 et 1284.
Les rois de France, par des procédés aussi déloyaux,
à partir de 1292, dépossédèrent la famille
de notre Comte Jean de la Bigorre et du château de Mauvezin.
Au cours de ce siècle, comme dans la plus part des "casteths
naus de Gasconha", les castelnaus en français ; les
paysans se regroupèrent autour du Château où
ils trouvèrent protection.
En l'an 1361, les châteaux de la Bigorre furent à nouveau
remis au roi d'Angleterre à la suite de la défaite
de l'armée française à Poitiers (traité
de Brétigny). Jean Froissard, le grand chroniqueur de cette
guerre de cent ans, a conté le siège du château,
en 1373, par l'armée du Duc d'Anjou, frère du roi
; Je n'ai pour ma part, jamais entendu dire que la résistance
du château fut aussi longue, mais tous ceux qui ont pu assister
à cet événement ont rendu l'âme aujourd'hui.
En ce temps là, Gaston Fébus, Vicomte souverain de
Béarn et Comte de Foix s'efforçait, par tous les moyens,
de récupérer le Château de Mauvezin et la Bigorre
dont sa famille avait été injustement spoliée
en 1292. Ce prince extraordinaire, incontestablement le plus raffiné
de son temps, rayonna de l'Espagne à la Prusse. Nul ne mérita
mieux son surnom de Fébus, le Comte soleil. Par la force
ou par l'argent, il parvint à relier ses terres de Foix à
celles du Béarn. C'est ainsi qu'en 1379, il obtint enfin
Mauvezin, maillon indispensable à sa grande Principauté
Pyrénéenne. Il édifia rapidement ce colossal
donjon de 37 mètres de hauteur et de 3 mètres d'épaisseur
à la base. Ainsi, par ses dimensions impressionnantes et
son emplacement, il constituait un écran protecteur contre
les machines de guerre qu'on aurait pu introduire dans le faubourg,
tout en protégeant efficacement l'entrée. Enfin, Gaston
Fébus fit surélever les remparts et couronna toute
la forteresse de mâchicoulis car grande était sa richesse.
Et
ce grand seigneur, disparut à son tour en 1391...
Ses successeurs, toujours maîtres de ce château, allaient
devenir rois. Rois de Navarre d'abord, avec toujours l'espoir de
constituer ce grand royaume de part et d'autre des Pyrénées,
rêve caressé par Gaston Fébus... Vaine espérance,
étouffé par ces trop puissants voisins de France et
d'Espagne. Rois de France enfin avec celui qui mérita bien
ces qualificatifs d'HENRI IV le grand ou celui plus connu, de bon
roi Henri," lo noste Enric", per tots les Gascons. En
effet, lui seul parvint à mettre fin à cette terrible
tragédie que furent les guerres de religion pour la France,
mais plus encore pour notre région, au cours du dernier tiers
de ce XVIe siècle. Durant cette période noire, le
château fut aux mains d'une garnison protestante qui pilla
les villes environnantes avant de tomber aux mains des catholiques
qui utilisèrent le donjon primitif comme prison.
En 1607, la Bigorre et le château furent rattachés
au royaume de France. Alors déclina cette forteresse, dépouillée
lentement de ses pierres, surtout pendant la révolution.
Alors déclina notre langue occitane qui, pourtant, a résonné
dans ces murs durant un millénaire. Parlée du Val
d'Aran espagnol aux vallées alpines italiennes et de l'Auvergne-Limousin
à la Méditerranée, elle fut la plus brillante
langue du Moyen-Age roman... Au début du siècle, un
homme, Albin Bibal, et une association "l'EscÒle Gaston
Febus" permirent de croire à un renouveau du château
et de la langue, parlée par toute la population de Gascogne
et d'Occitanie.
Bibal à ses frais, restaura le château afin de le rendre
visitable, le sauvant ainsi d'une mort certaine. Il le céda
à l'association qui a pour vocation de promouvoir la langue
et la littérature occitane ainsi que la patrimoine de la
Gascogne."L'EscÒla a accompli un travail d'édition
considérable d'auteurs occitans anciens et modernes au cours
de ce siècle.
Depuis une dizaine d'années, elle a investi des sommes très
importantes, compte tenu de ses moyens modestes, dans la restauration
de ce château et elle s'efforce de poursuivre cette réhabilitation
grâce au concours de nombreux bénévoles. L'état
a pris en considération la valeur de son travail en la reconnaissant
d'utilité publique.
"Viscan longtemps aqueth castèth e'ra lenga nosta !"
Que vivent longtemps ce château et cette langue qui nous sont
chers !.
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