Description du château
- La structure défensive
Le plan de Pierrefonds
se compose d'une sorte de quadrilatère allongé de quelques 90 m
de large sur 110 m de long, complété par une tour à chaque angle
et une au milieu de chaque courtine, soit au total huit tours d'enceinte
semi-cylindriques. Chaque tour était symboliquement attribuée
à un héros légendaire de l'Antiquité ou à un preux chevalier du
Moyen Âge : Josué. les Macchabées, Hector, Alexandre, Arthur,
Charlemagne, Godefroi de Bouillon et enfin Jules César. Cette dernière,
la plus puissante de toute, garde l'entrée du pont-levis et se trouve
accolée au corps de logis fortifié : le donjon.
L'un des systèmes défensifs caractéristique de Pierrefonds est un
chemin de ronde à double niveau : celui des tours et celui des courtines.
A l'étage inférieur, des mâchicoulis, des créneaux et des archères
permettent de neutraliser l'assaillant par le jet de projectiles
variés ou des tirs d'arbalète. Une toiture en surplomb et des tireurs
postés à l'étage supérieur forment une protection efficace contre
l'escalade à l'aide d'échelles. Par ailleurs, bien qu'il existât
une différence de niveau entre l'étage des tours et celui des courtines,
la galerie supérieure des courtines communiquait avec la galerie
inférieure des tours. Ce dispositif permettait une circulation rapide
et continue tout autour de la forteresse en fonction des points
à défendre. Cette mobilité permettait en même temps de diminuer
l'importance de la garnison, déjà bien protégée par la hauteur presque
inaccessible des murailles.
- Un projet de résidence impériale
A
l'origine. Viollet-le-Duc n'avait envisagé que la restauration du
donjon, destiné à servir de résidence occasionnelle à l'empereur.
Mais à partir de 1861; probablement séduit par les propositions
de l'architecte, Napoléon III décide de bâtir sur les ruines de
Pierrefonds une demeure fastueuse, dans l'esprit du courant romantique
né trente ans auparavant (avec entre autres la publication de Notre-Dame
de Paris par Victor Hugo).
Viollet-le-Duc conçoit alors une création personnelle et originale,
qu'il ne pourra complètement achever. De nombreux dessins et aquarelles
présentés au château permettent de se rendre compte de l'atmosphère
néo-gothique qu'il voulait créer. On retiendra particulièrement
la salle des Preuses, qui devait réunir la collection personnelle
d'armes et d'armures de Napoléon III. Les visages des "preuses"
s'inspirent de ceux de l'impératrice et de ses dames de compagnie.
La chambre de l'impératrice est une haute salle voûtée, entièrement
peinte, au second étage de la tour Jules-César. Le salon-antichambre
occupe la moitié du donjon. Il est décoré de boiseries sculptées
et d'un mobilier qui annonce déjà "l'Art nouveau" des années 1900.
La chapelle, une étonnante création de Viollet-le-Duc, ne se réfère
à aucun modèle préexistant, particulièrement l'élévation d'une vaste
tribune voûtée au-dessus de l'abside. Une sorte de double abside
inonde la nef de lumière. Nombre de détails extérieurs sont aussi
traités de façon très personnelle par Viollet-le-Duc, en particulier
:
-
la grande cour intérieure et sa galerie ouverte ornée de voûtes
à caissons et de chapiteaux historiés au style plutôt Renaissance.
-
les
perrons d'accès.
-
l'ornementation
des façades, qui s'apparente à des décors de théâtre, avec ses
sculptures d'animaux fantastiques.
Quels que soient les
ajouts très personnels de Viollet-le-Duc, on doit lui laisser le
mérite d'avoir ressuscité un des derniers châteaux forts de France
et de nous le restituer dans tout son volume cinq siècles en arrière. |