Histoire et description du château
Le Coudray-Salbart
est l'une des plus célèbres forteresses de la France médiévale,
non seulement pour son bon état de conservation général, mais aussi
et surtout pour la qualité de sa construction. Ses hautes tours
dominent encore la Sèvre Niortaise à 2 km au nord du bourg d'Échiré.
Une partie réduite de ce territoire passa aux mains des seigneurs
de Parthenay qui en rendent hommage à l'abbé de Saint-Maixent à
la fin du XIIe siècle ; mais rien ne permet d'affirmer qu'ils aient
possédé le site même, et a fortiori qu'ils y aient construit un
château avant le XIIIe siècle.
Le Coudray-Salbart, n'apparaît pas dans les textes avant les années
1219-1222, et ses caractéristiques architecturales ne permettent
pas de le vieillir beaucoup plus. Cette forteresse a dû être entreprise
par Hugues Ier de Parthenay (1182-1218) et poursuivie par son fils.
La construction d'un tel monument suppose des moyens considérables,
et à première vue sans rapport avec les revenus de la seigneurie
foncière des Parthenay. C'est avec l'aide du roi d'Angleterre que
la place fut créée ou connut un réel développement.
Les sires de Parthenay participent en effet aux luttes qui opposent
le roi de France et le roi d'Angleterre pour la possession du Poitou.
Ils sont plus volontiers attachés au second, qui leur verse des
sommes d'argent considérables pour fortifier leurs châteaux ; mais
à plusieurs reprises, leur fidélité est remise en cause et l'aide
anglaise doit cesser. Il contrôle le passage sur la Sèvre et la
frontière sud des terres des Parthenay. Jusqu'à la fin du XIIe siècle,
la seigneurie est défendue par les places de Parthenay, Secondigny,
Germond et Champdeniers. L'entrée en guerre des seigneurs de Parthenay
aux côtés de Jean sans Terre justifie en cet endroit l'édification
de deux autres forteresses, Béceleuf et surtout Le Coudray- Salbart.
Ces deux châteaux font face aux châteaux ennemis des sires de Lusignan
(Mervent, Vouvant, Cherveux, Saint-Gelais).
Dès la fin du XIIIe siècle, Le Coudray-Salbart n'est plus qu'une
forteresse secondaire, peu à peu dépassée par les nouveaux moyens
d'attaque des places. Bien qu'une garnison y soit attestée jusqu'au
début du XVIe siècle, l'édifice n'est pas entretenu. Le château
proprement dit est précédé d'une basse-cour à l'ouest. Le rempart
qui la délimitait est en grande partie arasé. L'actuelle maison
des gardiens marque l'emplacement de l'ancienne entrée, qui était
ouverte entre deux tours et précédée d'une barbacane.
Cette partie du site est très ruinée, mais une description du XVe
siècle fournit de précieuses indications ; elle nous apprend que
la basse-cour renfermait une chapelle, un four, une forge, et divers
bâtiments. C'est par la tour du Portal que l'on accède à la cour
intérieure, en franchissant des fossés sur un pont de bois (récemment
restitué). L'enceinte principale délimite une vaste cour. Elle est
presque rectangulaire, et flanquée de quatre tours d'angles (tours
du Moulin, de Bois-Berthier, Tour- Double et Grosse-Tour).
Les
tours Saint-Michel et du Portal occupent le milieu des deux plus
longs côtés. Ces tours rondes, bien conservées, sont reliées par
des courtines dont la particularité est d'offrir deux niveaux de
circulation : le chemin de ronde au sommet des murailles, et la
gaine, galerie couverte d'un berceau brisé, ménagée dans l'épaisseur
des murs.
La Grosse-Tour, qui contient la plus grande salle du château, rappelle
les anciens donjons romans, avec sa porte ouverte à mi-hauteur.
Mais elle n'en conserve ni le rôle d'habitation seigneuriale, ni
la situation, puisqu'elle est intégrée à l'enceinte bien qu'étant
isolée de la gaine. Chaque tour possède une ou deux salles dont
les voûtes et leur décor traduisent le début du XIIIe siècle (berceaux,
coupole, arc de cloître, voûtes d'ogives angevines aux nervures
reposant sur des culots ou des chapiteaux sculptés). Des vestiges
de fortifications apparaissent en effet dans la cour, en partie
englobés dans le château actuellement connu. Ce sont les témoins
de la première phase de construction du Coudray-Salbart. La forteresse
montre bien les problèmes posés par l'adaptation des modes de construction
locaux aux nouveaux impératifs de la défense. Seule la dernière
phase de construction traduit une conception d'ensemble de la fortification
et un programme technique cohérent et planifié. Il passe par le
renforcement du front est, avec deux tours jumelles dotées d'éperons
en amande et, surtout, par la création de la gaine sur tout le périmètre
de l'enceinte. Des reprises de construction montrent en effet qu'en
certains endroits, la voûte de la gaine a été posée sur une muraille
préexistante.
Abandonnée depuis plus de quatre siècles, la forteresse présente
des vestiges impressionnants. N'ayant jamais été associée à une
agglomération, elle a été vite délaissée et est restée isolée, ni
remaniée ni démantelée, ce qui explique son excellent état de conservation.
L'ensemble du site, est ouvert à la visite, est classé.
Une association locale en assure la conservation à l'aide de bénévole.
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