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Château de Wildenstein


L'histoire du château

De nombreuses monnaies des IIIe et IVe siècles attestent d'une occupation du site dès l’époque romaine. Pour autant, ces faibles trouvailles ne permettent pas d'affirmer que Wildenstein était déjà un lieu fortifié en ces temps reculés.
C'est dans une charte de 1312 que nous rencontrons pour la première fois le nom de Wildenstein (Le Rocher Sauvage). En cette année, le comte de Ferrette Ulrich III promet à son rival, l'abbé de Murbach, de ne construire aucun château sur les terres de l'abbaye à la condition de laisser Pierre de Bollwiller agir librement sur la montagne du Wildenstein.

Dans ce document, le château n’est pas expressément nommé, mais Pierre de Bollwiller n'a pas reçu la montagne en fief pour y cueillir des myrtilles ! La rivalité qui opposait ces deux grandes puissances féodales puisait en partie son origine dans le contrôle territorial de la vallée de Saint-Amarin. Le comte de Ferrette détenait le débouché de la vallée avec le château de l'Engelbourg et le péage de Thann. Le passage transvosgien par le col du Bussang était considéré à l'époque comme l'un des plus pratiquables et devenait une importante voie commerciale. L'abbé de Murbach possédait une grande partie de la vallée, le château et la ville de Saint-Amarin où il souhaitait lui aussi créer un péage. Il en avait obtenu le droit en accompagnant quelques années auparavant l’Empereur Frédéric II en croisade.

Pour le comte de Ferrette ceci était inconcevable. Il attaqua à plusieurs reprises les possessions de l'abbaye avant d'être contraint à la soumission face à l'autorité supérieure. Par la construction du château du Wildenstein, Ulrich III espérait bien réaliser son rêve hégémonique et posséder un jour toute la vallée. Mais son dessein ne se réalisa pas. En 1324, il décédait en ne laissant aucun héritier mâle.

Par le mariage de sa fille Jeanne avec Albert II le Sage, le comté de Ferrette devint possession autrichienne. Les Habsbourg, désormais suzerains du château de Wildenstein, n'avaient aucun intérêt particulier dans la vallée et ne continuèrent pas la politique menée par les Comtes de Ferrette, pas plus que les Bollwiller qui laissèrent tomber le château en ruines. Le fond de la vallée, appelé également haute vallée de la Thur, était occupé par les trois villages de Kruth, Fellering, et Oderen qui formaient la paroisse d'Oderen. Ils avaient un statut juridictionnel particulier qui échappait partiellement à la tutelle de l'abbé.

En 1536, Jean de Bollviller vendit la ruine du Wildenstein et des droits qui permirent à l'abbé Georges de Masevaux de renforcer son autorité dans ce fond de vallée. Le château resta cependant en ruine. Mais les évènements religieux et politiques qui secouèrent l'Europe au milieu du XVIe siècle furent à l'origine de la résurrection du Wildenstein.

En 1552, le roi de France Henri II s'impliqua personnellement dans la région en s'alliant avec des princes protestants opposés à l'autorité tentaculaire du parti catholique aux ordres de l'Empereur Charles Quint. A la suite de sa fulgurante chevauchée d'Austrasie, le roi de France occupa les évêchés de Toul, Metz, Verdun et plusieurs places fortes, rendant possible l'annexion du duché de Lorraine. Il s'apprêtait à traverser le Rhin quand les belligérants trouvèrent un règlement pacifique au conflit. On en resta momentanément là.

Charles Quint avait été pris au dépourvu par cette attaque. Il établit immédiatement un véritable plan de défense afin d'assurer une protection efficace des terres autrichiennes en Alsace contre une éventuelle incursion française. Dans ce dispositif, de nombreux châteaux vosgiens et jurassiens furent modernisés et pourvus en armes : Ferrette, Landskron, Morimont, l'Engelburg, Honnack, Haut-Koenigsbourg. L'’Empereur ordonna notamment à l'abbé de Murbach la reconstruction du Wildenstein afin de contrôler les routes et cols environnants.

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