L'histoire du château
1 - Le XIe siècle
Ces lieux sont chargés d'histoire...
" Moi, Alain, duc et prince de la nation bretonne, inquiet
comme je pourrais échanger mes biens temporels contre ceux de l'éternité,
voici que mon premier trésor, ma sour, le plus précieux que je possède
sous le soleil, je l'ai offert à dieu... et selon son pieux désir,
j'ai consacré son vou de virginité perpétuelle... et je lui fait
don d'un lieu convenable pour mener la vie du cloître. Il est situé
à un stade du rempart de la ville de Rennes."
Ainsi s'exprimait le duc Alain III en 1032, créant pour sa sour
Adèle l'abbaye de Saint-Georges. Il ajouta à ses libéralités la
seigneurerie de Tinténiac, avec droit de haute justice. L'abbesse
la constitua en fief, au profit du chevalier Donoual qui prit le
nom de Tinténiac. Elle lui demanda de construire un château-fort
pour protéger ses terres.
Ce château, construit en bois, fut rapidement détruit. Ceci se passe
au XIe siècle. Dans le courant du XIIe siècle, l'abbesse, impuissante
à défendre ses droits contre de turbulents voisins avec le seul
secours de sa crosse, fit édifier une véritable forteresse.
2 - Le XIVe siècle
Au XIVe siècle, la
puissance du château de Montmuran surpassait celle des forteresses
alentour, avec sept tours et le donjon traditionnel réunis par des
courtines. En 1354, la guerre de succession de Bretagne divisait
le pays. Les Anglais tenaient pour Montfort et les Français pour
Blois.
Bertrand Du Guesclin, alors jeune chef de bande, servait sous les
ordres du maréchal d'Audrehem,
lieutenant du roi de France. Le jeudi-saint 1354, le maréchal et
ses officiers, invités par la dame de Tinténiac, festoyaient au
château de Montmuran. Or à Bécherel, sis à deux lieues de là, se
tenait une garnison de routiers anglais, sous les ordres du capitaine
Hue de Calverley qui, toujours à l'affût des bonnes occasions, résolut
d'enlever Montmuran par surprise. Du Guesclin, se méfiant de ses
inquiétants voisins, avait disposé trente archers dans un chemin
creux, à proximité, ce qui permit d'amener à temps le gros de sa
troupe, et de battre les anglais, en ces lieux qui gardent après
600 ans le nom de " champ de la prise ", et de "
chemin sanglant ". On dit même dans le pays que lorsqu'il pleut,
l'eau se teinte encore du sang des combattants... mais le sol est
un peu ferrugineux ! La bravoure de Du Guesclin fit l'admiration
de tous les combattants, si bien qu'à la suite de ce fait d'armes,
il fut armé chevalier par Elaste du Marais, normand du pays de Caux.
La cérémonie eut lieu dans la chapelle du château et ce fut pour
Du Guesclin le début d'une brillante carrière qui devait le mener,
avec la charge de connétable, au faîte des responsabilités militaires
du royaume.
Vingt ans après, il revint à Montmuran pour épouser dans la même
chapelle qui avait entendu son serment de chevalier, Jeanne de Laval,
petit fille de la Dame de Tinténiac, dont il avait été l'hôte. Il
était veuf de Tiphaine Raguenel, et mourut sans postérité peu d'années
après en Auvergne, au siège de Châteauneuf de Randon.
Jeanne de Laval épousa en secondes noces un de ses cousins, Guy
de Laval, et deux de ses petits fils combattirent avec Jeanne d'Arc.
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