La visite du château
2a - L'antichambre
Tout
autour de cette pièce, qui se trouve accolée à la tour centrale
du château, on peut admirer un certain nombre de portraits de famille.
A gauche de la fenêtre, un très beau portrait en pied d'Henri 1er,
duc de Rohan. A droite, un portrait de Léonor Chabot, comte de Charny.
En 1572, au lendemain du massacre de la SAint-Barthélemy, il refusa
d'obéir à l'ordre qui lui avait été donné d'exécuter des protestants
en Bourgogne, où il commandait au nom du roi.
De l'autre côté, un portrait de l'amiral Philippe Chabot, favori
du roi François 1er, peint par Jean-Louis François Lagrenée durant
la seconde moitié du XVIIIe siècle. Sur ce tableau, il porte l'ordre
de la Jarretière, qui lui fut conféré par le roi d'Angleterre Henri
VIII en 1520, au camp du Drap d'Or. A droite de ce tableau, un portrait
de Guy Chabot comte de Jarnac, l'auteur du fameux "coup de
Jarnac". A la suite d'une accusation infamante portée contre
lui par François de Vivonne, seigneur de la Châtaigneraie, véritable
colosse, Guy Chabot le provoqua en duel et lui porta une botte secrète
que lui avait apprise son maître d'armes italien. Ce coup lui permit
de trancher le jarret gauche de son adversaire, qui se laissa mourir
de sa blessure. A gauche, un portrait du roi Henri IV, dont Henri
de Rohan était le cousin issu de germain. Au fond de la pièce, un
portrait de Louis II, prince de Condé, dit le grand Condé, costumé
ici en général romain. Au dessous, un buste du duc Alain de Rohan,
réalisé par le grand sculpteur Auguste Rodin.
Entre l'antichambre et le grand salon s'élève l'escalier central,
qui permettait d'accéder aux pièces d'apparat des deux premiers
niveaux. C'est un escalier rampe sur rampe, à trois volées par étage
et mur-noyau. Édifié vers 1500 en même temps que la façade, cet
escalier est l'un des premiers escaliers droits, de type italien,
construit en France. Plus ancien que les escaliers des châteaux
de la Loire, il en est bien différent aussi, puisqu'il ne comporte
aucun décor intérieur.
2b - Le grand
salon
Avec ses murs et son
plafond peints en ocre, ornés de lys, de A couronnés, de macles
et
de nombreux motifs différents, le grand salon apparaît comme un
témoignage assez remarquable du style de décor intérieur en vogue
vers 1880-1890. En entrant, il faut admirer d'abord la superbe cheminée
située au fond de la pièce. Édifié en même temps que la façade Renaissance
du château, vers 1500, puis peinte au XIXe siècle, cette cheminée
de granit est ornée de diverses sculptures : la devise des Rohan,
A PLUS, ainsi que des guirlandes de pampres et de sangliers. Dans
la boucle du P, on aperçoit la tête d'un homme qui pourrait être
Jean II de Rohan.
Tout autour de la pièce, on peut admirer de nombreux portraits.
A droite de la cheminée, posé sur un chevalet, un portrait du duc
Alain de Rohan, père du propriétaire actuel. Ce tableau a été peint
par son ami Trafford Klots, portraitiste américain de renom. A droite,
un portrait du duc Josselin de Rohan, député du Morbihan, mort au
front en 1916, peint par l'artiste Jean-Gabriel Domergue. Au dessus
de la console, un portrait de l'amiral du Casse, réalisé par le
peintre Hyacinthe Rigaud. Sur le mur qui fait face à la cheminée,
un portrait d'Armand Gaston de Rohan, prince de Soubise, le premier
des quatre cardinaux de Rohan à avoir été archevêque de Strasbourg.
C'est lui qui fit édifier à Paris l'hôtel de Rohan, rue des Archives,
et à Strasbourg le superbe palais qui porte son nom. Au milieu du
panneau, un portrait du roi Louis XIV. Il s'agit d'une copie du
célèbre portrait peinte par Rigaud, qui se trouve à Versailles.
Enfin, sur le mur du côté de la terrasse, un portrait de la princesse
de Rohan, née Sophie de Courcillon, peint par Nattier.
Presque
toutes les pièces de mobilier qui figurent ici datent du XVIIIe
siècle. A droite de la cheminée, une très belle commode en laque
de Conromandel, sur laquelle est posée une maquette en liège de
l'arc de triomphe de Trajan à Rome. Cette maquette fait partie d'un
ensemble qui fut réalisé en Italie au début du XIXe siècle pour
servir à l'instruction des enfants de la famille royale. Au centre,
sur la console en bois doré, une belle pendule et deux candélabres
en bronze massif. De chaque côté, des vases en porcelaine de Sèvres
bleu foncé, offerts par le roi Louis XVI.
Plus loin, une statue d'Henri IV enfant réalisé par le sculpteur
Bozio vers 1820. Elle se trouvait jadis au château des Tuileries,
dans les appartements royaux. Sous le portrait de Louis XIV, il
faut admirer un magnifique bureau à cylindre réalisé par l'ébéniste
alsacien Theuné. Enfin, trois ensembles de mobilier, tous du XVIIIe
siècle, viennent compléter l'aménagement du salon. Devant la cheminée,
un très beau mobilier de l'ébéniste Heurtaut, réalisé vers
1760, mais dans le style Régence, très en vogue à l'époque. En face,
un ensemble de fauteuils garnis de tapisserie, qui sont l'ouvre
de l'ébéniste Avisse. A droite de la console, plusieurs fauteuils
garnis de soie rouge, réalisés par le célèbre ébéniste Tillard.
Ces ensembles de mobilier reposent sur un tapis tissé à la main,
de 10 mètres de long sur 4,35 de large, réalisé dans la manufacture
de la Savonnerie au XIXe siècle.
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