L'histoire du château aux travers
des siècles et des propriétaires
Sur un éperon rocheux
dominant la vallée de l'Oust, à une quarantaine de kilomètres au
nord-est de Vannes, en plein cour du pays de Porhoët, comme on nommait
jadis cette région, se dresse le château de Josselin. Avec ses trois
puissantes bâties au dessus de la paroi abrupte, reliées par une
forte courtine, Josselin évoque nombre d'épisodes
historiques, notamment les âpres luttes féodales qui ponctuèrent
le Moyen Age et déchirèrent le pays, surtout du XIIe au XIVe siècle.
Derrière cette façade sévère, par un contraste qui ne manque pas
de frapper le visiteur, ce château offre un visage bien différent.
Sur la cour intérieure, avec sa longue façade de granite sculpté,
où s'épanouissent la fantaisie et le raffinement du gothique flamboyant,
le château de Josselin apparaît comme un des exemples les plus caractéristiques
et les mieux conservés de l'architecture de la fin du XVe et du
début du XVIe siècle, qui a vu fleurir la Renaissance bretonne,
sorte de première Renaissance française.
1 - Début du XIe
siècle, le château de Guéthenoc
Au début du XIe siècle,
en l'an 1008, Guéthenoc, vicomte de Porhoët, qui son château de
Trô en Guilliers pour venir édifier, à une vingtaine de kilomètres
de là, sur un promontoire très escarpé, le long de l'Out, comme
on appelait cette rivière, une nouvelle demeure. De ce château primitif,
que Guéthenoc aurait placé sous la protection divine en le rendant
tributaire de Saint-Sauveur de Redon ainsi qu'en témoigne une charte
contenue dans le cartulaire de cette abbaye, il n'en reste rien.
L'acte de 1008 relatant sa construction montre Guéthenoc "figens
palum in castello aedificando", c'est à dire fichant un pieu
en terre pour édifier son château. Peut-on en déduire que ce château
était en bois, comme l'étaient souvent les demeures de l'époque
?
A Guéthenoc succède son fils Josselin, qui donne son nom au château
ainsi qu'à la petite ville qui vient se nicher sur ses flancs. L'ouvre
de Guéthenoc sera éphémère. Le duc de Bretagne étant mort sans postérité
masculine, son gendre, Eudes II de Porhoët, propriétaire de du château
de Josselin, entend faire valoir ses droits au duché, face au roi
d'Angleterre Henri II Plantagenêt qui soutient, lui, les droits
d'un autre prétendant auquel il est apparenté.
C'est pourquoi, en 1168, pour briser la résistance d'Eudes II, Henri
II s'empare de la place forte de Josselin et la détruit de fond
en comble, au terme d'une lutte très violente. Quelques années plus
tard, Eudes II, réfugié en France, revient à Josselin. Utilisant
des matériaux épars, il relève le château et la ville, dont il fait
à nouveau une place forte. Par la suite, à partir de 1231, le fief
de Josselin passe successivement, par alliance ou par héritage,
aux maisons de Fougères, de Lusignan et de France.
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