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Château de Josselin


L'histoire du château aux travers
des siècles et des propriétaires

2a - Josselin et la succession de Bretagne

Ainsi la le château de Josselin va t-il être amené à jouer un rôle de premier plan dans la guerre de succession de Bretagne, qui constitue l'un des premiers épisodes de la guerre de Cent Ans. Cette lutte pour la possession du duché de Bretagne oppose Jean IV de Montfort soutenu par les anglais, à Charles de Blois, soutenu par le roi de France, auquel il est apparenté.

C'est au cours de cette lutte qu'a lieu le fameux combat des trente, relaté par le chroniqueur Froissar. Le 26 mars 1351, Jean de Beaumanoir, qui commande pour Charles de Blois, part du château de Josselin avec trente chevaliers bretons et français pour aller affronter, à quelques lieues de là dans la lande dite de mi-voie, parce qu'à mi-distance de Josselin et de Ploërmel, trente chevaliers anglo-bretons commandés par l'Anglais Bemborough, capitaine de Ploërmel pour le parti de Jean de Montfort, qui pille et rançonne depuis longtemps le pays. Certains détails de ce combat sont restés célèbres, notamment l'héroïque apostrophe de Geoffroi du Bois, "Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera". A l'issue du combat, vainqueur, Beaumanoir ramènera à Josselin dix-huit Anglais prisonniers.

2b - La forteresse d'Olivier de Clisson

En 1370, une ère nouvelle débute pour Josselin. Le château, qui avait été donné par le roi de France, Jean II le Bon, à son oncle Robert d'Alençon, comte du Perche, fait l'objet d'un échange entre le fils de ce dernier, Pierre d'Alençon, et le grand capitaine Olivier de Clisson. Dès lors, le château va jouer à nouveau un rôle militaire de premier plan.

Laissant subsister le massif de défenses de la pointe, il en fait partir une ligne continue de fortes courtines reliant neuf tours très élevées, dont quatre subsistent aujourd'hui, bien que démantelées : trois  au-dessus de l'Oust, et la tour isolée, à l'angle nord-est de la cour. Les deux tours qui défendaient la porte et le pont-levis, au nord, ont été rasées vers 1760. A l'angle est, on distingue vaguement l'emplacement de la septième tour, dont la disparition, n'a pu être datée exactement. Enfin, la huitième et la neuvième tour devaient flanquer la ligne de courtine droite, qui s'étend de l'angle est à la pointe. Les quatre tours qui subsistent aujourd'hui, presque entièrement semblables les unes aux autres, sont de plan circulaire, parfaitement cylindrique. Au niveau des sous-sols, leurs murs sont épais d'environ 3,50 mètres. Leur base est pleine sur une hauteur de plusieurs mètres. Elles comprennent quatre étages et un sous-sol, chaque étage étant percé de deux fenêtres, l'une orientée au nord-ouest, l'autre au sud-est.

Dans la courtine est percée une rangée de fenêtres à croisée. Certaines datent de l'époque de construction des tours, d'autres ont été ouvertes au XIXe siècle, lors de la restauration. On peut rapprocher l'aspect de la maçonnerie et des procédés utilisés ici de ceux du château de Suscinio, dont la plus grande partie a été édifiée également durant la seconde moitié du XIVe siècle. Enfin il faut remarquer l'absence de couronnement des tours et des courtines, ainsi que la hauteur inusitée des tours par rapport aux courtines. En fait, à la fin du XIVe siècle, tours et courtines avaient au moins, semble-t-il, la hauteur des tours actuelles, et elles étaient garnies de mâchicoulis et de parapets. Par la suite, le haut des tours a été rasé, comme à Blain.

Revenons à Olivier IV de Clisson. Il est l'un des personnages les plus considérables de son temps. Originaire du sud de la Loire, il est allié par sa famille aux duc de Bretagne, aux Penthièvre et, par son premier mariage, aux Laval. C'est un homme ambitieux, aisé et très riche. Ayant saisi tout l'intérêt stratégique qu'offre l'imposant château de Josselin, il y établit son quartier général, d'où il administre ses possessions, qui s'entendent dans toute la Bretagne centrale et méridionale.

En 1380, à la mort de Bertrand Du Guesclin et peu après le sacre de Charles VI à Reims, il obtient l'épée de France et devient ainsi le vingt-septième connétable du royaume. Comme le souligne Yvonig Gisquel dans une biographie récente d'Olivier de Clisson, parue aux éditions Jean Picollec, "son nouveau titre en fait alors le personnage le plus puissant de France après le roi". En 1407, Olivier de Clisson, qui a épousé en secondes noces Marguerite de Rohan, veuve de Beaumanoir, meurt à Josselin, léguant à sa fille Béatrice et à son gendre Alain VIII de Rohan son immense fortune. A Alain VIII succède Alain IX, qui célèbre au château de Josselin son mariage avec Marie de Lorraine, en 1450.

Avec Alain IX, qui apporte un soutient indéfectible au duc de Bretagne Jean V, son beau-frère, et devient même à plusieurs reprises régent du duché, l'inimitié entre les Rohan et le duché de Bretagne s'apaise. Mais pour un temps seulement. Le fils d'Alain IX, Jean II, qui a épousé Marie de Bretagne, fille du duc François 1er, entretient avec son beau-frère le duc François II des relations de grande inimitié, qui le conduisent à se réfugier à la cour de France et à nouer de multiples intrigues contre le duc de Bretagne. En 1488, pour le punir, le duc François II aurait fait démanteler en partie le château de Josselin.

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