L'histoire du château aux travers
des siècles et des propriétaires
4a - Le château de Josselin démantelé
Le
fils de jean II s'étant éteint sans postérité, le château de Josselin
échoit par mariage aux Rohan-Gié, branche cadette des Rohan. Sous
l'influence de la duchesse de Ferrare, fille d'Anne de Bretagne,
et en raison du mariage de René II de Rohan avec Isabeau d'Albret,
fille du roi de Navarre, de religion protestante, cette branche
des Rohan se convertit à la réforme. Henri II de Rohan, gendre de
Sully, auquel le roi de France Henri IV accorde le titre de duc
de Rohan, devient même le chef militaire des calvinistes, sous la
régence de Marie de Médicis.
A ce titre, lors du dernier épisode des guerres de Religion, il
est amené à lutter contre le pouvoir royal et à encourir les foudres
du cardinal de Richelieu. En 1629, pour le punir, le cardinal ordonne
le démantèlement du château de Josselin. Toute la partie du château
qui garnit la pointe sud-est du rocher, où se trouve le gros donjon,
est abattue à l'aide d'explosifs. Non sans mal, puisque l'opération
prendra une quinzaine de jours. En même temps, Richelieu fait démanteler
une autre forteresse de Rohan, le château de Blain.
Henri de Rohan est alors à la Cour. Il ignore tout. Un matin,
passant devant les gentilshommes groupés dans l'antichambre du roi,
le cardinale l'aborde, dit-on, par ces mots : "Monsieur le
duc, je viens de jeter une bonne boule dans votre jeu de quilles
!".
4b - Le château
de Josselin à l'abandon
Aux XVIIe et XVIIIe
siècles, les Rohan délaissent la Bretagne et vivent surtout à la
Cour. Le château est laissé à l'abandon. Dans la tour isolée, au
nord de la cour, on enferme à plusieurs reprises des prisonniers,
notamment des Anglais, en 1758. Vers 1760 sont abattues, semble
t-il, les deux grandes tours qui flanquaient la première porte et
le pont-levis. Un épisode encore : en 1776, pour procurer du travail
aux enfants pauvres, la duchesse de Rohan permet l'installation
d'une filature de coton dans les salles du rez-de-chaussée.
Lors de la Révolution française, le château connaît de nouvelles
vicissitudes. La municipalité s'y installe pour tenir ses séances.
Une partie de l'habitation sert de dépôt de grains. Dans la tour
isolée, on entasse des "ci-devant" dans des conditions
telles qu'elles seront dénoncées par Hoche dans un rapport à la
Convention.
Sous l'empire, le sort du château n'est guère plus enviable et,
dans les premières années de la Restauration, le préfet du Morbihan
suggère au ministre de l'intérieur de faire du château de Josselin
un dépôt d'étalons ou... la maison d'arrêt départementale.
4c - La restauration
du château de Josselin
Vers
1835, Charles-Louis Josselin duc de Rohan décide d'entreprendre
la restauration du château. Celui-ci est alors dans un grand état
de délabrement, comme le montre une gravure de l'époque. Le toit
est entièrement effondré en maints endroits. D'énormes travaux seront
réalisés, pour remettre l'extérieur du bâtiment en état, puis pour
aménager l'intérieur, avec l'aide de l'architecte La Morandière,
un ancien élève de Viollet-le-duc, et, à partir de 1880, celle de
Henri Lafargue, qui avait travaillé à restaurer la château de Blois.
L'intérieur du château est presque entièrement réaménagé. En revanche
l'extérieur subit peu de modifications. Plusieurs fenêtres sont
ouvertes dans la façade sur la rivière. Des restaurations de détail
sont effectuées sur la façade sur la cour. Enfin, au début du XXe
siècle, les jardins sont dessinés par un paysagiste renommé, Duchêne.
Pendant la première Guerre mondiale, le château héberge un hôpital
pour les blessées convalescents. Durant la seconde Guerre mondiale,
il connaît davantage de vicissitudes puisqu'il est réquisitionné
en juin 1944 par les Allemands, qui s'installent dans la moitié
du bâtiment. En fait, les principaux dégâts seront occasionnés par
l'explosion du pont situé sur l'Oust, le 6 Août 1944. Après la guerre,
une grande partie de la charpente et toute la toiture devront être
refaites.
La haute forteresse, qui mire ses trois puissantes tours dans les
eaux de l'Oust, a oublié aujourd'hui les luttes sanglantes que se
livrèrent pour elles ses maîtres et leurs adversaires. Comme la
ville qui s'étend de part et d'autre des murs d'enceinte et sur
les collines avoisinantes, elle offre désormais un visage serein
aux milliers de visiteurs qui viennent chaque année l'admirer.
Texte d'Antoinette
de Rohan
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