| Description des remparts
 L'ensemble fortifié 
              constitue un rectangle approximatif d'un périmètre de 1,7 km, encadrant 
              une superficie de 16 hectares en terrain plat. 1 - La tour de 
              Constance  Le 
              premier élément de cette enceinte fut la tour maîtresse, la tour 
              de Constance: elle occupe l'angle N. du quadrilatère, dans une position 
              fonctionnelle identique à celle de tours philippiennes comme Dourdan, 
              Nesles, ou encore Villeneuve sur Yonne. D'un diamètre moyen d'une 
              vingtaine de mètres, dotée d'un fort talutage, la tour était isolée 
              par un fossé propre ; son rez de chaussée voûté d'ogives possédait 
              un accès côté ville et un accès côté campagne, diamétralement opposés, 
              dotés de ponts-levis à treuil simple. La voûte de ce niveau est 
              ceinturée en hauteur par une gaine circulaire courant dans l'épaisseur 
              du mur : cette gaine avait pour objet de surveiller le rez de chaussée, 
              et de desservir assommoirs et herses défendant les deux entrées. 
              Comme le rez de chaussée, l'étage supérieur voûté d'ogives est garni 
              de longues archères à forte plongée qui attestent de la vocation 
              défensive de la tour. On ne peut cependant exclure que le programme 
              de celle-ci ait inclus dès l'origine la fonction carcérale, la gaine 
              de circulation intermédiaire en étant peut-être un indice. Au-dessus, 
              la terrasse possédait un parapet garni d'archères, épaissi au XVIe 
              siècle pour accueillir des créneaux à canon; la tourelle 
              d'un phare surmonte encore l'ensemble. Mais l'essentiel du rôle 
              de la tour était celui d'un symbole royal, à l'image des tours de 
              Philippe Auguste. La résidence des officiers royaux se trouvait 
              dans l'enceinte de la ville, sans fortification notoire.
 2 - L'enceinte 
              urbaine  La 
              conception de l'enceinte d'Aigues Mortes a certainement été dictée 
              par une urbanisation préexistante; les neuf portes qui s'y ouvrent 
              sont suffisamment proches et irrégulièrement disposées pour que 
              l'on puisse affirmer qu'elles desservirent des rues en usage, au 
              point que les tours à but exclusif de flanquement sont au nombre 
              de cinq seulement ! 
 Dans les premières phases, celles du dernier quart du XIIIe siècle, 
              les ouvrages furent bâtis en appareil régulier à bossages rustiques, 
              parfaitement homogène avec les fortifications royales contemporaines; 
              l'achèvement de l'enceinte, à la fin du XIIIe et au début du XIVe 
              siècle, fut réalisé en pierres lisses. Les concepteurs distinguèrent 
              cinq portes principales, chacune constituée d'un passage entre deux 
              tours; quatre portes secondaires ménagées entre des contreforts 
              supportant des tours rectangulaires; enfin trois tours circulaires 
              et deux tours en U. Les portes principales constituent le fleuron 
              de cet ensemble; en effet, on trouve dans chacune d'entre elles 
              le concept à la pointe de l'innovation dans la fortification royale 
              du temps, celui des sas défensifs ménagés entre deux couples herse-assommoir 
              à l'intérieur du passage. Ces sas, surveillés depuis l'étage supérieur 
              par des assommoirs, permettaient en théorie d'intercepter les entrants 
              et de les identifier avant de les laisser entrer. L'autre caractéristique 
              majeure de l'enceinte d'Aigues Mortes réside dans la recherche qui 
              y fut menée en matière de conception des archères. On trouve, en 
              effet, au long des courtines de l'enceinte, des niches de tir plus 
              ou moins sophistiquées, depuis la niche classique à " coussiéges 
              " (sièges latéraux pour les servants), jusqu'à la niche à deux niveaux 
              séparés par un plancher de bois, desservant une fente d'archère 
              particulièrement longue.
 Texte extrait du 
              livre de Jean Mesqui Chateaux 
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