L'histoire du château
La
première mention d'un village à Portes apparaît
en 1052, lorsqu'Almérade d'Anduze lègue ce dernier
et son église Saint-Gilles au prieuré de Sauve, fondé
par lui en 1029 et soumis à l'abbaye de Saint-Guilhem (Ie
Désert).
Le château de Portes appartient alors aux Anduze, vassaux
des comtes de Toulouse. C'est l'époque où, comme tout
l'Occident après l'An Mille, le Languedoc connaît un
renouveau extraordinaire, grâce à sa vocation méditerranée
et à l'influence des Croisades. Entre Le Puy et Saint-Gilles,
le "chemin de Régordane" relie deux des principales
routes qui traversent l'Europe en direction de Saint-Jacques de
Compostelle ; elles correspondent à des voies de commerce
majeures. Cet itinéraire sans doute très ancien devient
la route du pèlerinage de Saint-Gilles, en même temps
qu'un axe économique très important. Des villes nouvelles
se développent alors : Alès, Saint-Gilles, d'où
l'on s'embarque pour Rome ou pour la Terre Sainte. Le col de Portes,
sur cette route nord-sud, est un point de passage obligé
entre les montagnes et la plaine : on y perçoit un péage.
Une enceinte fortifiée sans doute cantonnée de tours
carrées, contrôle l'accès aux vastes terres
des Anduze et protège la route des pèlerins.
Au moment de la Croisade contre les Cathares (1209), qui permet
aux seigneurs du Nord d'envahir le Languedoc, Pierre-Bermond VII
d'Anduze refuse de prêter hommage à leur chef, Simon
de Montfort : il est dépossédé de ses biens
au profit de son oncle, Bernard VIII d'Anduze. En 1229, après
vingt ans de lutte, le Traité de Meaux fait entrer le Languedoc
dans l'administration du Roi de France ; les Anduze rendent alors
hommage au Roi par l'intermédiaire du sénéchal
de Beaucaire.
Vers 1250, Portes passe par héritage à Randon de Châteauneuf,
puis à la famille de POLIGNAC. Le chemin de Régordane
se trouve alors contrôlé par les mêmes seigneurs
jusqu'en Auvergne. C'est par là que Saint-Louis passera au
retour de la VIIe Croisade en 1254. Mais en 1314, Guillaume de Randon-Polignac,
endetté, doit "engager" la terre de Portes en faveur
de Raymond-Guillaume II, de Budos. En 1320-22, il doit lui vendre
la terre de Portes, dont la mouvance s'étend déjà
sur les diocèses d'Uzès et de Mende ; les Budos la
conserveront durant quatre siècles.
Originaire de Guyenne, Raymond-Guillaume I (1270-1323) a reconstruit
quinze ans plus tôt son château de Budos, qu'on peut
encore voir, ruiné, au sud de Langon. Il semble qu'il procède
dès 1322 à une campagne de construction à Portes,
renforçant la défense de l'entrée et agrandissant
le manoir.
En 1305, son oncle est devenu le premier pape en Avignon, sous le
nom de Clément V; il l'a nommé recteur du Comtat Venaissin.
Au moment de la succession de Clément V, mort en 1314, les
seigneurs aquitains, craignant de perdre les privilèges acquis
font pression sur les cardinaux. Des bandes gasconnes menées
par les neveux du pape défunt saccagent alors à Carpentras
les hôtels particuliers des représentants du Saint-Siège,
aux cris de "Mort aux Italiens ! Nous voulons un Pape !".
La cité d'Avignon est encerclée par des forteresses
achetées par des Aquitains, barrant la route aux armées
royales : les élections devront avoir lieu à Vienne,
Jacques Duèze, fils d'un savetier de Cahors, évêque
d'Avignon et cardinal, succède à Clément V
sous le nom de Jean XXII.
Quelques
années plus tard, son fils André Ier (1300-1361),
vassal du roi d'Angleterre pour ses terres de Guyenne, prend le
parti des Anglais au début de la Guerre de Cent Ans et se
voit confisquer sa seigneurie de Portes par le roi de France Philippe
VI, en 1340 ; elle est remise à Humbert Il, dauphin du Viennois,
qui la vend au vicomte de Beaufort, frère du nouveau pape
Clément VI.
Plus tard, Thibaud Ier (1335-1421), fils d'André, se rallie
à la cause française en 1377 et le fils de Beaufort,
le vicomte de Turenne, qui occupe le château le Portes, doit
lui restituer sa baronnie. S'ensuivent des luttes sanglantes, mettant
aux prises les partisans du vicomte de Turenne et ceux de Thibaud
de Budos. C'est alors la révolte des Tuchins, vaste soulèvement
de paysans exaspérés par la misère, la fiscalité
royale et la guerre ; ils sont soutenus sur les terres de Portes
par le vicomte de Turenne. L'affaire est plaidée au Parlement
de Paris: par arrêt de justice rendu en 1384, la baronnie
est définitivement restituée à Thibaud de Buclos.
Ayant opté pour la cause française, Thibaud perd toutes
ses possessions en Guyenne, excepté son château de
Budos dont il parvient un temps à rester maître. Portes
devient le fief principal de la famille, pour lequel désormais
les Budos prêteront hommage au Roi de France.
André II (1380-1449) rejoint en 1426 avec tous ses vassaux
l'armée du comte de Foix qui se porte au secours du Dauphin,
futur Charles VII A la fin de la Guerre de Cent Ans, la seigneurie
de Budos est rendue à son fils, Thibaud Il (1440-1501). Celui-ci
résiste à Louis XI et se voit confisquer un temps
la seigneurie de Portes. L'ayant recouvrée, il fait construire
à la fin du XVe siècle un château au mas de
Theyrargues qui deviendra la résidence ordinaire des Budos
; il fait peut-être des embellissements à Portes.
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