L'histoire du château
Le
site de Pierregourde est un exemple typique de ces ruines majestueuses
(les guides touristiques parlent de ruines "romantiques")
disséminées un peu partout sur les hauteurs du Vivarais.
Ici, il s'agit d'une construction du XIIIème siècle,
remaniée par la suite et aujourd'hui pratiquement à
l'abandon.
Il reste peu de choses du château en lui-même mis à
part des lambeaux des murs du corps de logis. Mais tous les vestiges
de constructions qui s'étagent sur la pente sud laissent
deviner qu'il y eut là un ensemble important. Le château
seigneurial au sommet d'un piton rocheux (à plus de 600 mètres)
domine en effet tout un village où les petites maisons de
pierres ont été bâties sur des genres de terrasses.
Le site est décrit ainsi en 1912 par le curé d'un
village voisin : " Ce devait être un château formidable.
Il devait occuper au moins un espace de 100 mètres sur 50.
Il y avait encore derrière moi une autre enceinte ruinée,
l'enceinte extérieure avec deux ou trois morceaux de tourelles
". (cité par Florentin Benoit-d'Entrevaux dans les châteaux
historiques du Vivarais, publié à Hennebont en 1914).
Rappelons que le Vivarais, petit pays de l'ancienne France, n'a
été annexé à celle-ci qu'en 1305. Il
était jusqu'alors terre du Saint Empire Romain Germanique,
sa capitale étant Viviers. Devenu aujourd'hui le département
de l'Ardèche, il a Privas comme préfecture mais le
siège du diocèse catholique est demeuré à
Viviers.
Il est fait mention de Pierregourde dans un registre de 1217 (un
terrier) qui énumère les rentes dues au seigneur du
lieu. Celui-ci percevait une partie de ses rentes en cire d'abeille.
Plus tard, en 1325, nous retrouvons trace dans un autre document
de Hugon IV, seigneur de Pierregourde et fils de Giraud du même
nom.
Mais le personnage qui a le plus marqué ce château
est sans doute François de Barjac, un des chefs du parti
huguenot, mort au combat de Mesignac, le 31 octobre 1568. Les légendes,
en Ardèche, le présente souvent comme un chef de bande
sans foi ni loi. Cette réputation est nuancée par
Albert du Boys dans son Histoire du Languedoc (tome V).: "
François de Barjac, sire de Pierregourde, qui fut dans
son temps le capitaine le plus renommé des Protestants du
Vivarais, est arrivé à la postérité
avec deux figures dont les traits ne sont nullement semblables :
il y a en lui l'homme de l'histoire et l'homme de la tradition.
L'homme de l'histoire est un général actif, plein
de ressources et d'intrépidité dans le péril.
Du reste ni plus ni moins sanguinaire que les autres chefs des deux
partis. L'homme de la tradition réveille au contraire, chez
les villageois de la vallée de l'Eyrieu, l'idée d'une
espèce de brigand semblable au capitaine de routiers du Moyen-Age.
Suivant l'histoire, Pierregourde, proclamé, après
la Saint Barthélemy, commandant du Vivarais pour les religionnaires,
n'aurait point obéi au fanatisme révolutionnaire qui
l'aurait élevé à ce poste important. La preuve
en est que, de concert avec M. de Cugières, il aurait fait
faire aux Vivarais des deux partis, catholiques et protestants,
une sorte de confédération d'après laquelle
ils se seraient garantis une paix mutuelle et se seraient même
engagés à se secourir réciproquement s'ils
étaient attaqués les uns et les autres. Par suite
de ce traité, l'agriculture put revivre et le commerce refleurir.
"
Texte et photos
de Gérard Boulé
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