L'histoire du château
La
TOUR d'ALBON est le dernier vestige du château des comtes
du même nom.
Vers 1030, Guigues de Vion, dit "Guigues le vieux", (Vion
est une petite localité, aujourd'hui en Ardèche, à
quelques kilomètres au nord de Tournon sur Rhône) s'installe
à Albon : il a reçu de Bouchard, archevêque
de Vienne, la partie méridionale du Viennois. Dix ans plus
tard, il est doté par Henri III le Noir, empereur germanique,
des terres du Brianconnais. Rappelons que la rive gauche du Rhône
est terre d'empire depuis 1032. Le Dauphiné le restera jusqu'en
1349, date à laquelle il revient au futur Charles V de France.
C'est à partir de ce moment que l'héritier présomptif
de la couronne française sera nommé "dauphin".
Mais revenons au XIème siècle : Guigues le vieux reçoit
également en fief de l'évêque de Grenoble la
moitié indivise des terres de cette église. Le Dauphiné
est né même s'il faut attendre l'avènement de
Guigues IV en 1133 pour que le nom apparaisse véritablement.
Dauphin est en effet le deuxième nom de Guigues (Guigues
IV Dauphin, comte d'Albon et du Viennois). L'origine du nom a donné
lieu à diverses explications dont certaines pour le moins
fantaisistes : en fait, Dauphin (Delphinus ou Dolfinus) est un prénom
courant et porté tout au long du Moyen Age (Saint Delphinus
est évêque de Bordeaux au IVème siècle).
La
dynastie des Guigues d'Albon se heurtera régulièrement
à son puissant voisin, le Comte de Savoie, lui aussi intégré
à l'Empire. Ainsi notre Guigues IV Dauphin meurt-il en 1142
des blessures reçues au cours du siège de Montmélian
défendue par Amédée III, comte de Savoie. Des
guerres successives vont se succéder jusqu'au milieu du XIVème
siècle
Le château d'Albon a donc une importance capitale pour les
comtes du Dauphiné face à ceux de Savoie d'autant
plus qu'il permet aussi la surveillance de la vallée du Rhône.
Des fouilles effectuées en 1993 ont révélé
que le site a été occupé dès l'époque
romaine (les terres de la Valloire sont particulièrement
riche). Au Xème siècle, la motte féodale est
pourvue d'un bâtiment résidentiel en bois. Le donjon
de pierre et les bâtiments attenants sont édifiés
au XIème siècle. Le château sera régulièrement
modifié du XIIIème au XVème siècle.
Il subira une destruction partielle au siècle suivant.
La tour domine toujours, du haut de ses 336 mètres, la vallée
du Rhône, celle de la Valloire et les Terres Froides face,
à l'Ouest, aux monts du Vivarais.
Texte et photos
de Gérard Boulé
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