L'histoire du château
Le site de Beauvoir
en Royans vaut autant par son implantation que par le spectacle
des quelques ruines qui y subsistent. Dominant au Nord la vallée
de l'Isère, le village se situe en effet à l'ombre
des premiers contreforts du Vercors qui le protège au Sud.
Beauvoir en Royans est une des 5 grandes demeures delphinales érigées
au Moyen Age avec Grenoble, Vizille, Quirieu et Château Dauphin.
C'est la seule à conserver quelques vestiges de cette période.
Guigues VII, souverain du Viennois, y installe sa résidence
en 1251 sur un emplacement déjà remarqué par
les Romains qui y construisirent un camp fortifié. Guigues
VII (mort en 1270) est un dauphin gourmand, soucieux d'agrandir
son domaine face à la très puissante Savoie. C'est
pour cela qu'il oblige le baron de Sassenages à lui céder
ses droits sur le mandement de Beauvoir.
Les Dauphins y demeureront régulièrement jusqu'en
1349, date de la cession du Dauphiné à la couronne
de France. Le dernier Dauphin, Humbert II (1313-1355), personnage
à nombreuses facettes, y fera de nombreux séjours.
Son fils unique, André, meurt à Beauvoir en 1335 (il
a 3 ans), une servante l'ayant malencontreusement laissé
tomber d'une fenêtre du château.
Au
XVIème siècle (vers 1560), le château est toujours
debout et servira de base militaire aux troupes de François
de Beaumont, baron des Adrets (1513-1587), chef du parti huguenot.
En 1562, celui-ci s'auto-proclame lieutenant général
du Dauphiné et il tient effectivement tout le pays sous sa
coupe. Ce brillant capitaine laisse un souvenir sanglant de ses
prouesses en Dauphiné, il est considéré, au
sein même de son parti, comme un véritable prédateur.
On raconte que le château de Beauvoir fut ainsi le lieu où
il se plaisait à faire torturer ses adversaires.
Notons, pour en finir avec des Adrets, qu'il finira sa carrière
militaire dans le parti catholique et mourra paisiblement dans son
lit au château familial de la Frette près de Terrasse
(Isère).
La forteresse de Beauvoir en Royans souffrira beaucoup au cours
de cette période troublée des guerres de religion.
Prise puis reprise continuellement par l'un ou l'autre parti, elle
sera vite dégradée par les assauts successifs des
Catholiques et des Protestants. Elle tombera progressivement en
ruine et finira, comme bon nombre de ces monuments, en carrière
à ciel ouvert
Il ne reste de cette grande demeure que trois ensembles de ruines.
Le plus impressionnant, face aux monts du Vercors, est sans doute
le chevet de la chapelle, haut de 20 mètres.
Au nord, dominant la vallée de la basse Isère, se
dressent les restes du donjon, rectangulaire avec, en particulier,
l'amorce d'une solide voûte en plein cintre. L'appareillage
des murs fait alternés les moellons bien taillés et
les murs en gros galets de rivière.
Enfin, à la gauche du donjon, subsistent quelques morceaux
du rempart qui surplombent la douve. L'arche du pont qui relie le
village au château est bien conservée.
Texte et photos
de Gérard Boulé
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