L'histoire du château
6 - Le désastre de 1944
et le début de la renaissance
Le
5 juin 1944, le château de Caen est toujours intact. Pour
son malheur il sert de casernement à des soldats allemands
et se trouve inscrit dans le cycle de bombardements prévus
par les anglo-américains. A l'aube du 6 juin 1944, un déluge
d'obus et de bombes s'abattent sur la ville et sur son château
quasiment sans interruption, du jour du débarquement le 6
juin à la libération de Caen le 9 juillet. Les bombardements
des 6, 7, 8 et 12 juin, du 18 et du 22 juin sont particulièrement
destructeurs. Ce qui reste debout, s'écroule lors des bombardements
des 7 et 8 juillet 1944, où le château et ses abords
sont littéralement encadrés par le pilonnage des bombardiers
alliés. La garnison allemande s'était pourtant repliée.
Si la porte des Champs et la porte Saint Pierre ont un peu moins
souffert, partout ailleurs c'est la désolation. L'enceinte
est touchée au dessus de la rue de Geôle, à
proximité du logis des Gouverneurs, entre la tour principale
et la tour Mathilde, au dessus du fossé menant à la
tour des Champs. L'église Saint Georges a perdu le pignon
de sa nef. Le presbytère a été pulvérisé.
Le Logis des Gouverneurs n'a plus de toiture : son gros uvre
reste debout par miracle. La Salle de l'Echiquier, elle aussi n'a
plus de toiture. Sa façade ouest n'existe plus qu'à
l'état de lambeaux de pierre. Tous les casernements sont
détruits. Beaucoup plus grave, toutes les constructions datant
de l'ancien palais ducal, y compris les vestiges encore debout de
la chapelle palatine ont été rasés. Des bâtiments
situés au sud, pour la plupart datant du XVII ème
siècle, il ne reste que des façades béantes.
Le peu qui restait du donjon n'a pas résisté.
Le désastre est total. Du château, il ne reste maintenant
que des ruines.
L'architecte
Brillaud de Laujardière chargé de la reconstruction
de Caen est un des premiers artisans de la renaissance du château.
Il est immédiatement épaulé par Pierre Joseph
Dauré, ancien recteur de l'Université, devenu préfet
du Calvados à la Libération. Le maire de Caen, Yves
Guillou est également un des artisans de cette résurrection.
Mais le principal acteur de cette prise de conscience devenue rapidement
collective est sans conteste Michel de Boüard, professeur d'histoire
médiévale à l'Université de Caen.
Si le château renaît de ses ruines et se retrouve à
l'identique, ainsi que nous l'espérons, dans dix, vingt,
trente ans ou plus, c'est à Michel de Boüard, à
son uvre mais aussi à ceux qui ont su la poursuivre
que nous le devrons.
Source/Musée de Normandie, Ville de Caen : www.chateau.caen.fr
"Bibliographie "Mémoires du Château de Caen / Musée de Normandie. – Editions Skira, 2000, 175 p.) |