Descriptif et visite du château
L'escarpement des murailles
du château de Fougères et le long périmètre qu'elles déploient en
font l'une des places fortes les plus considérables d'Europe. Les
fortifications de la ville, aujourd'hui bien dégagées, leur font
naturellement suite, de sorte que l'on a pu dire parfois, en embrassant
l'ensemble, cité et château, que Fougères était la Carcassonne de
l'Ouest.
Treize tours toujours debout comme des sentinelles et réunies par
une courtine conservée en son intégrité, la situation très particulière
de la forteresse au fond d'une cuvette, la succession de constructions
variées selon les époques et leurs besoins, font de ce monument
un spécimen à la fois original et complet de l'architecture strictement
militaire du Moyen Age.
Après avoir suivi le circuit extérieur du château, qui en impose
la masse puissante, le touriste disposant d'une petite heure devra
visiter l'intérieur.
1 - L'avancée
Elle se présente comme
un vaste rectangle, dont la face d'entrée est sévèrement gardée
par trois tours étroitement resserrées, jadis surmontées seulement
de créneaux, chapeautées d'ardoise par la suite, de gauche à droite
tour du Hallay, tour de la Haye Saint-Hilaire, tour de Guémadeuc.
Pour accéder à la tour de la Haye Saint-Hilaire (fin du XIIe, début
du XIIIe siècle) qui commande le passage, il fallait d'abord, sous
la grêle des flèches des archers, franchir les chutes de la Couarde,
qui tombe en cascade vers la gauche. Nul pont de pierre en ce temps-là,
mais un étroit pont de bois. La tour de la Haye Saint-Hilaire est
une tour carrée et massive, spécimen rare et demeuré intact des
fortifications des XIIe et XIIIe siècles. Imaginez-la sans toiture
: elle est semblable à celles qu'ont laissées ici et là derrière
eux les croisés. Il fallait avoir franchi les deux herses successives
de la tour avant de se trouver devant la seconde tranchée de la
Couarde, qui longeait l'enceinte principale sur sa face est.
2 - L'enceinte principale
Elle s'étend sur un
socle rocheux, sur 130 mètres de longueur médiane, et développe
320 mètres de courtines. L'entrée en était défendue par la tour
de Coëtlogon, aujourd'hui en ruines, tour carrée comme la précédente
et construite sur certains blocs des fortifications d'origine. Fossé,
deux portes, deux herses, longues meurtrières, rien ne manquait
pour rendre l'ouvrage d'accès très difficile.
Sur la droite, s'ouvre un curieux chemin de ronde ménagé dans l'épaisseur
de la muraille, aboutissant à une casemate carrée garnie d'archères.
Contre cette casemate a été érigée au XIIIe siècle la tour de Coigny,
qui paraît demi-ronde, accolée qu'elle est à une construction plus
ancienne. Le XVIIe siècle est venu bousculer l'appareil guerrier
de cette tour et y superposer sa décoration classique tout à fait
spécifique lorsque les deuxième et troisième étages furent transformés
en chapelle. En suivant le haut de la courtine, derrière l'abri
des créneaux, on accède à la tourelle de Guibé (XIVe siècle), gracieuse
construction cylindrique, bâtie en encorbellement sur un cul de
lampe, d'où l'on pouvait fort commodément surveiller toute la longueur
du rempart nord.
Revenons au débouché de la tour de Coëtlogon. Sur la gauche, on
voit s'amorcer la longue courtine sud. Elle s'appuie d'abord sur
une tour carrée aux pans obliques, la tour du Cadran, qui a été
arasée au niveau du parapet des murailles. Sur son flanc intérieur
apparaît une très ancienne cheminée romane, attestant l'existence
d'un premier logis en cet endroit dès le XIIe siècle. De même, la
colonne romane qui soutient, non loin, une ogive de pierre, nous
donne l'emplacement de la chapelle primitive. C'est dans cet oratoire
que devait être placée la statue de la Vierge jetée par dessus les
remparts, lors du pillage de 1166, dans les marais, où elle fut,
dit-on, retrouvée quelque cent ans plus tard. Transportée dans l'église
Saint-Sulpice située juste en face, elle y est vénérée depuis, sous
le vocable de Notre Dame des Marais précisément.
En revenant vers la vaste cour centrale, on devine ce que put être
le grand logis seigneurial construit au XIVe siècle, notamment la
salle d'apparat avec ses colonnes, en face de laquelle se dresse
un très beau puits Renaissance à la margelle de granit.
Au-delà de la tour du Cadran, la courtine sud se poursuit et s'incurve.
Déjà haute et sévère, elle fut renforcée dans la seconde moitié
du XVe siècle, après le désastre de 1449, par les deux puissantes
tour Raoul et Surienne, jadis dénommées la Françoise et la Tourasse,
aux assises de sept mètres d'épaisseur à la base. Elles étaient
destinées, devant le développement de la puissance de feu
des armées, à mieux résister à l'artillerie, et d'autre part à abriter
dans leurs casemates voûtées des canons qui devaient balayer les
douves. Mais robustesse n'exclut pas beauté : la pierre en est magnifique,
et las mâchicoulis riches d'ornements.
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