L'histoire du château
3 - Du XVIe au XVIIe siècle
A
sa mort, le fils de sa sur Philipote, Antoine d'Oiselay, hérite,
à son tour, d'Oricourt.
Antoine occupe, pendant quelques années, des charges importantes
dont celle, très recherchée, de Pardessus de la Grande
Saunerie de Salins. A son décès, les terres de La
Villeneuve et Oricourt vont à sa fille Catherine.
Avec son premier mari, Henri de Neufchâtel, seigneur de Chemilly
et d'Amoncourt, celle-ci réside souvent au château,
dans le logis des Rolin. Veuve en 1517, elle se remarie à
un seigneur alsacien, Wolf Dietrich de Ferrette qui adhère
aux idées religieuses nouvelles. Il meurt en Allemagne, au
côté des protestants, en 1547, à la bataille
de Mülherg.
Quelques années plus tard, Catherine d'Oiselay donne "le
chastel et maison forte dudit Oricourt", ainsi que ses dépendances
à Claude, baron d'Oiselay. Son fils cadet, François,
hérite d'Oricourt où il vient quelquefois habiter,
mais il précise que, s'il y meurt, son corps doit être
enterré dans l'église d'Oiselay.
Que représente, à cette époque, la seigneurie
?
Elle comprend la totalité d'Oricourt, d'Oppenans et une partie
dArpenans, ainsi que divers droits à Borey, Autrey, Cerre,
Vuillafans, Vy-lès-Lure et Longevelle. En 1593, le village
d'Oricourt compte 24 ménages et 119 habitants.
Les barons d'Oiselay gardent Oricourt pendant plus d'un siècle,
jusqu'à leur extinction. La seigneurie n'est, pour eux, qu'une
terre de rapport qu'ils n'habitent plus.
Lors de la guerre de Dix Ans, en 1637, le vieux baron Ermenfroy-François
d'Oiselay, qui a eu le malheur de perdre son fils trois ans plus
tôt, montre que, malgré son âge, il n'a rien
perdu de sa détermination. Avec ses gens, il se retranche
dans son château d'Oiselay et tient tête aux reîtres
qui dévastent le pays. Il obtient la permission de lever
des troupes dans la région d'Oricourt et fait armer le château.
Il est probable que les habitants des villages environnants viennent
s'y réfugier. La Franche-Comté, on le sait, est dévastée
et beaucoup de terres retournent en friches.
En 1657, à la requête des nombreux créanciers
de la famille d'Oiselay, la seigneurie d'Oricourt est mise en vente
et adjugée, sur décret du Parlement de Dole, à
Claude François de Cordemoy, seigneur de Francalmont.
Ce nouveau seigneur d'Oricourt est issu d'une vieille famille de
Vesoul, fraîchement anoblie. Son aïeul, Antoine Cordemoy
est notaire à Vesoul, tabellion général au
Comté de Bourgogne. La génération suivante
accède à la noblesse en 1600. Claude François
de Cordemoy, né en 1628, hérite la terre de Francalmont
de son frère Oudot. Il poursuit l'ascension sociale de ses
prédécesseurs : abandonnant la robe, il s'illustre,
en tant que soldat, pendant les guerres d'Italie. Ses exploits militaires
et les services rendus par son frère Oudot, lui valent d'être
créé chevalier par lettres patentes de 1656.
Sa forte personnalité marquera la vie d'Oricourt où
il va régner en maître pendant cinquante ans. Il habite
au château durant la belle saison, avec sa première
épouse, Anne de Bosredon, dame de Savigny et ses enfants.
Avisé et prudent en affaires, il fait preuve néanmoins
d une grande opiniâtreté. Ainsi, en cette année
1680, il tombe malade et doit aller se faire soigner à Vesoul.
Claude François confie alors la garde du château à
sa fille aînée, Gabrielle, âgée à
peine de 16 ans. Celle-ci profite de l'absence de son père
pour s'enfuir et rejoindre, en contrebas du château, un jeune
et bel officier de cavalerie, Mathieu Vincent, seigneur de Montjustin.
Ils se marient aussitôt. Le sieur d'Oricourt, profondément
blessé par cet affront à son autorité, déshérite
sa fille qu'il refuse de revoir, la considérant désormais
comme morte.
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