L'histoire du château
4 - De la Révolution à
nos jours
De
sa seconde union avec la jeune Anne Claude de Crosey, Claude François
a encore de nombreux enfants. A son décès, à
la fin de l'année 1706, il laisse Oricourt à son fils
aîné Claude Pelage, tout en réservant l'usufruit
de l'ensemble de ses biens à sa veuve qui vivra jusqu'en
1743.
En 1761, Claude Pelage, sans descendance, lègue le château
et la seigneurie à Jeanne Claude, fille de son frère,
Claude François de Cordemoy, sire de Francalmont, à
l'occasion de son mariage avec François Gabriel, marquis
de Chapuis, conseiller au Parlement de Besançon, seigneur
de Mont-le-Vernois et Rosières. Son père lui laisse
bientôt sa charge de président à mortier. A
la tête d'une fortune considérable, il sera le dernier
seigneur d'Oricourt.
La Révolution, en abolissant le régime féodal,
libère enfin les habitants de la mainmorte.
Plusieurs fois, la municipalité d'Oricourt demande aux autorités
de faire démolir les fortifications et combler les fossés,
symboles de la féodalité. Heureusement, ses demandes
réitérées restent sans écho. Seules,
les armoiries des Cordemoy sont martelées. Le château
est vite soupçonné d'être le centre de ralliement
des déserteurs et le refuge des prêtres pourchassés
par le pouvoir républicain. En 1793, 25 gardes nationaux
fouillent vainement le château à la recherche d'hypothétiques
souterrains. Trois ans plus tard, 150 soldats y sont à nouveau
envoyés par l'administration centrale du département
afin d'y découvrir des caches d'armes et de munitions, apparemment
sans plus de résultat.
La Révolution n'entame que partiellement la fortune foncière
du marquis de Chapuis dont les trois fils ont émigré.
Seuls, le moulin d'Oppenans et une parcelle de bois sont vendus
comme biens nationaux. De l'ancienne seigneurie d'Oricourt, l'ex-président
du Parlement conserve deux beaux domaines et la plupart des forêts.
Gabrielle Pélagie de Chapuis-Rosières apporte ces
terres et le château aux de Grivel dont on voit, encore aujourd'hui,
le blason au-dessus de la porte de la grange reconstruite en 1867
par le vicomte Hyppolite de Grivel, capitaine au long cours.
Le château, devenu simple ferme, sombre alors dans l'oubli,
subissant au fil des ans, des transformations dictées par
les besoins de l'exploitation agricole et qui font disparaître
une partie de ses fortifications.
Pourtant, son intérêt architectural n'échappe
pas à l'historien Jules Gauthier qui le visite à la
fin du siècle. De son passage, il reste quelques croquis
sommaires, conservés aux Archives du Doubs.
Les cartes postales les plus anciennes montrent encore la première
porte de la basse-cour, avant qu'elle ne disparaisse quelques années
plus tard.
En 1932, la famille de Grivel cède le domaine à ses
fermiers, grands-parents du propriétaire actuel, avec en
prime ce qu'il reste de l'ancienne maison forte. Depuis 1969, Jean
Pierre Cornevaux consacre tous ses efforts à dégager
les ruines et à nettoyer les murailles des lierres destructeurs.
En 1984, le château est enfin classé "monument
historique", dans son intégralité. Des travaux
plus importants peuvent être entrepris : restauration du pigeonnier,
consolidation de la tour 'et réfection de la totalité
des toitures.
Après ces travaux d'urgence, une étude approfondie
du lieu permettra, avec les différents partenaires, de mettre
en place un programme de restauration efficace. Beaucoup de travail
reste à faire, mais on peut être optimiste sur l'avenir
de ce lieu exceptionnel, enfin sorti de l'oubli.
Parallèlement à ces travaux de restauration, un effort
particulier est apporté à la vie du lieu. Il est,
chaque dimanche, de plus en plus visité. Des animations (concerts,
théâtres, opéras...) rassemblent de nombreux
spectateurs. Belle illustration d'une leçon d'histoire sur
l'évolution de l'architecture militaire médiévale,
le château reçoit souvent, en cours d'année
scolaire, des groupes d'élèves.
La commune d'Oricourt qui recensait en 1841 plus de 200 personnes,
n'en compte plus, aujourd'hui, qu'une vingtaine !
Blotti contre son château, dans un écrin de verdure,
le village est devenu, au fil des ans, un but de promenade très
apprécié.
|