L'histoire du château
6 - Le déclin
En 1659, le traité
qui repoussa jusqu'à la crête des Pyrénées les frontières du royaume
de France, fit perdre à Carcassonne une grande part de sa valeur
stratégique. L'autorité administrative et religieuse fut transférée
dans la ville basse que saint Louis avait créée en 1260 pour y fixer
la population, et laisser ainsi la cité à sa vocation purement militaire.
Dès 1656 d'ailleurs, le présidial avait quitté la cité. En 1745
l'évêque à son tour changea de résidence, et en 1801 ce fut l'évêché
lui-même qui fut déplacé. Le XVIIe siècle avait quand même vu la
construction du pont de pierre qui, dans la ville, donne accès au
château. Sous l'Empire, la cité ne servait déjà plus que d'arsenal
et de caserne. Les murailles furent laissées à l'abandon. Les tours
inutilisées commencèrent à être vendues par l'armée comme carrières.
En 1835, l'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments
historiques, s'émut néanmoins du sort réservé à la fabuleuse citadelle.
En 1844, Viollet-le-Duc, alors qu'il restaurait la cathédrale Saint-Nazaire,
entreprit une campagne pour le sauvetage des fortifications. En
1855, le maire Cros-Mayrevieille réussit à faire annuler le décret
qui les vouait à la destruction complète. Cinq ans plus tard, la
restauration commençait.
7 - Le sauvetage
On a beaucoup médit
des travaux de Viollet-le-Duc et de son disciple Boeswiwald. Ils
mirent la cité hors de danger. Ils dégagèrent les lices de toutes
les masures adventices qui masquaient les remparts. Ils refirent
le crénelage, ils couvrirent de toitures les tours. Ils entreprirent
même de reconstituer les hourds qui couvraient le chemin de ronde
du château. Mais aussi, non contents de consolider le monument,
ils imaginèrent de le conduire à une sorte d'état idéal qu'il n'avait
peut-être jamais connu réellement au cours de sa longue histoire.
Ils se laissèrent quelque peu entraîner par leur imagination romantique,
et cédèrent à l'esthétique de leur temps. Leur intervention a suscité
bien des polémiques. Mais songeons que sans eux il n'y aurait pas
de discussions, parce qu'il n'y aurait plus du tout de cité de Carcassonne...
Ce témoin du génie des bâtisseurs médiévaux est à prendre tel qu'il
est aujourd'hui. Au demeurant, ne croyons pas que la cité, qui recèle
dans le secret de ses pierres tant de souvenirs héroïques ou douloureux,
et dont le hiératique silence est si chargé d'histoire, ne soit
plus qu'un lieu mort. Elle abrite une population de trois cent habitants.
Hôtels, restaurants, boutiques, écoles, musées, cathédrale, y entretiennent
la vie. Sans compter le grand théâtre de plein air construit tout
près de l'ancien cloître, et dont murailles et tours médiévales
constituent le décor de scène ; là se déroule le festival d'été.
Ce sont plus de 300 000 visiteurs qu'accueille chaque année ce haut
lieu par excellence du passé languedocien, où il ne faut pas rêver
longtemps pour croire apercevoir quelque hennin dans l'embrasure
d'une baie, quelque oriflamme flottant au vent sur la crête d'un
rempart, ou quelque chevalier en armes contemplant d'un créneau
la douce plaine audoise ponctuée de cyprès et carrelée de vignes,
dans la lumière déjà méditerranéenne du pays des Trencavel.
Extrait du Livre/Maquette
edité par L'Instant Durable et écrit par J.T Rocquebert
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