L'histoire des seigneurs
2a - La collégiale de Tonquédec
C'est
Rolland IV qui fait ériger en collégiale l'église de Tonquédec en
1447 par l'évêque de Tréguier, Jean de Ploeuc, et il fonde la délicieuse
chapelle de la Clarté à Perros-Guirec, avant de mourir en croisade.
Son fils Jean II, époux de Jeanne du Pont et de Rostrenen, soutient
le duc de Bretagne François II contre les entreprises du roi de
France. En récompense à cette aide, le duc fait ériger Coëtmen en
Baronnie, en 1487, décision très importante qui fait du baron de
Coëtmen un des neuf premiers seigneurs féodaux de Bretagne.
Jean II, profitant d'une période de paix, fait reconstruire vers
1474 le front ouest du château de Tonquédec en "Grand logis",
avec ses cinq vastes baies au-dessus de la rivière et une muraille
à corniche, qui n'est plus couronnée par un chemin de ronde. Il
est inhumé avec son épouse sous le chour de l'église collégiale
de Tonquédec.
Son fils louis, mort avant lui, sans enfant, a enlevé Françoise
Péan de la Rochejagu, contre le gré de sa famille, mais sans doute
pas contre son gré à elle, puisque le mariage sera finalement célébré.
Elle accompagnera son mari et son beau-père dans leur ambassade
en Angleterre.
2b - Les d'Acigné
Jean II est le dernier
vicomte de Tonquédec du nom de Coëtmen. A sa mort, en 1496, sa fille
gilette porte le château à Jean VI d'Acigné, riche seigneur. Ses
biens de Haute-Bretagne le détournent de Tonquédec, finalement vendu
par son petit fils. Mais la vicomté est réclamée en "retrait
lignager" (sorte de droit de préemption familial) par la nièce
du vendeur, Claude du Chastel (voir
les seigneurs du château de Trémazan). Son mari, Charles Gouyon,
baron de la Moussaye, rend vie au château, sans y demeurer toutefois.
Il achève l'ouvre de Jean II, mais cette fois en l'adaptant pour
l'artillerie entre 1577 et 1582.
Cela lui permet ensuite, pendant les guerres de la Ligue, d'y entretenir
une garnison et d'en faire un point d'appui royaliste. Sa femme
et lui sont protestants. Lorsque le roi de France Henri III, dernier
des Valois, meurt en 1589, il a fait reconnaître pour son successeur,
sous le nom d'Henri IV, son cousin Henri de Navarre, chef du clan
protestant. Les catholiques refusent de l'accepter pour roi et forment
contre lui la Ligue.
2c - Tonquédec
contre Mercour
Dans
la Bretagne très catholique, le chef des ligueurs est le gouverneur
Philippe de Lorraine, duc de Mercour, beau frère d'Henri III, cousin
des Guises assassinés en 1588, et ardent catholique. Mais il a une
autre raison d'entrer en rébellion contre Henri IV : Il a épousé
Marie de Luxembourg, née à Lamballe, héritière des Blois-Penthièvre.
La population se trouve vite contrainte à choisir entre la cause
de Mercour et celle de l'héritier de la couronne de France, représentée
par les "royaux", catholiques fidèles à la monarchie et
les "Huguenots" qui sont protestants. Les habitants des
campagnes, témoignent à la Ligue une sympathie très active : Elle
incarne pour eux à la fois la défense de leur religion traditionnelle
et leurs aspirations bretonnes.
La Moussaye a choisi Henri IV et il entretient à Tonquédec "25
cuirasses et 47 arquebusiers à cheval". La forteresse va s'avérer
imprenable et elle sera un grand veilleur plus solitaire que jamais,
mais pour la première fois au milieu d'une population rurale devenue
hostile. Le lien pluriséculaire vient de se rompre entre le château
fort et les habitants qu'il avait pour mission de défendre et de
protéger.
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