L'histoire des seigneurs
3a - Les raids de Kergomar
Les
garnisons des deux châteaux voisins de Coatfrec et Tonquédec sont
commandées pour le roi de France par le sire de kergomar, qui organise
les raids meurtriers contre les ligueurs en mai 1590 à Saint-Michel-en-grève,
en juillet à Plestin et en novembre à Carhaix... En septembre, meurent
à Tonquédec plusieurs prisonniers capturé à Plestin, dont Jean de
Ploeuc.
En 1591, l'évêque de Tréguier, Guillaume du Halgouët, qui a opté
pour le roi, doit se réfugier au château de Tonquédec. En 1592,
la garnison tente de surprendre Morlaix, fidèle à la Ligue mais
n'y parvenant pas, elle ravage Callac et Rostrenen. Mais Kergomar
étant parti défendre Guingamp, le duc de Mercour en profite pour
charger un jeune capitaine de s'emparer de Coatfrec en son nom.
Il s'agit de Guy Eder de Beaumanoir, sire de la Fontenelle, qui
mène dans cette guerre son propre jeu. C'est un gentilhomme brigand
d'une exceptionnelle envergure, qui finira par subir, en 1602, le
supplice de la roue à Paris. La Fontenelle s'est emparé de Coatflec,
mais tout au long de cette période les ligueurs tentent en vain
de surprendre la forteresse de Tonquédec, beaucoup mieux armé.
3b - La Fontenelle
sur le chemin de la garnison de Tonquédec
En 1593, Guy Eder de
Beaumanoir, sire de la Fontenelle, est fait prisonnier et emmené
au château de Tonquédec. Il est enfermé en haut de l'une des tours,
puis libéré moyennant une lourde rançon. Mais quelques mois plus
tard, Kergomar et la garnison du château de Tonquédec font le siège
de Coatfrec et le sire de la Fontenelle doit capituler. Le château
de Coatfrec est alors réduit à l'état de ruines, à coups de pioches
et de canons.
En 1595, la garnison de Tonquédec prend part au siège de l'Ile Tristan,
près de Douarmenez, solidement tenue par le sire de la Fontenelle,
et une deuxième fois en 1597, sans plus de résultats. Pendant ce
temps, le Trégor est déchiré par les Royaux soutenus par les Anglais
protestants et les ligueurs, aidés d'Espagnols catholiques. En 1598,
la paix est enfin proclamée entre le duc de Mercour et le roi Henri
IV, et le calme revient dans le pays.
3c - Prise du
château de Tonquédec par escalade
Mais
en 1614, sous la régence de Marie de Médicis, César, duc de Vendôme,
bâtard d'Henri IV et gendre de Mercour, est nommé gouverneur de
Bretagne et, en bon mari d'une Blois-Penthièvre, reprend à son compte
les conspirations contre la monarchie. C'est alors qu'un La Moussaye,
le baron de Marcé, propre frère du vicomte de Tonquédec, s'installe
à son insu dans le château avec une poignée de soldats irréguliers
qui lui sont dévoués. La ville de Lannion, le Parlement de Bretagne
et même la régente s'inquiètent. Marie de Médicis donne l'ordre
aux habitants de Lannion de répondre par les armes. On se renseigne
minutieusement sur l'état de la garnison.
Lannion décide de tenter une opération audacieuse finalement parfaitement
réussie : dans la nuit du 17 au 18 avril 1614, des échelles sont
appliquées au flanc de la haute tour d'Acigné et des gentilshommes,
sous le commandement de Jonathan de Kergariou, ancien lieutenant
de Kergomar, grimpent. Ils pratiquent un trou dans la toiture et
surprennent en plein sommeil les soldats du baron de Marcé, qui
sont éparpillés dans les différentes parties du château et se rendent
rapidement. Ils sont libérés avec un peu d'argent dont ils sont
totalement dépourvus.
Le mobilier et l'armement font l'objet d'un inventaire méticuleux.
il est porté sur le document des meubles, des cuirasses, des casques,
deux canons de fonte et deux autres en fer, dix huit arquebuses,
des mousquets, une pertuisane...
Reconnaissante, la ville de Lannion offre à Kergariou, sire de Kerahel,
deux tonneaux de vin et 300 Livres tournois, car la prise du château
de Tonquédec par escalade avait été entièrement à sa charge. Elle
demande alors que la forteresse de Tonquédec soit mis hors d'état
de servir militairement.
Richelieu sera heureux de satisfaire ce dernier souhait : en 1626,
il ordonne de le démantèlement de la forteresse mais ne la rase
pas, par égard au loyalisme des La Moussaye. "Démanteler"
n'est pas détruire, c'est jeter bas le "mantel", c'est
à dire le mur crénelé qui protège les courtines et repose sur les
corbeaux en pyramide renversée. C'est pourquoi il n'en subsiste
plus un seul pan. Le château n'est plus alors militairement utilisable.
Reste à son propriétaire à le moderniser en château d'agrément,
entreprise difficile avec une telle construction, ou bien à l'abandonner.
Au château de Tonquédec, ce fut hélas, l'abandon.
Page
suivante 1 - 2
- 3 - 4 page
précédente |