L'histoire du château
3a - Un ensemble architectural
hétérogène
Une
vision lointaine du château donne au visiteur l’impression
d’aborder un site typiquement médiéval : les
grosses tours à mâchicoulis et l’aspect trapu
de l’ensemble cachent en effet une architecture plus complexe
qui s’est profondément modifiée au cours des
âges. Tout ceci apparaîtra plus nettement si l’on
aborde l’édifice par son entrée principale. On
traverse alors ce qui fut la première cour (appelée
aussi cours de Vendée) et plus tard les jardins. Nous laissons
sur la gauche les écuries modernes et le pont de pierre qui
franchit les douves nous amène dans la cour d’armes.
Le visiteur découvre alors les différents éléments
du château : à sa gauche, la tour de l’horloge
et la chapelle, devant lui le corps de logis accoté, sur
son autre face, à la tour de guet. A droite l’aile du
corps de logis, la tour du Cardinal et le donjon.
3b - La chapelle
De tout cet ensemble,
le partie du château qui passe pour la plus ancienne est la
chapelle. Mentionnée dans les textes dès 1184, c’est
un édifice rudimentaire composé d’une nef unique
et d’une abside romane . la construction en petit appareil,
les fenêtres très étroites et les contreforts
plats montant sans ressauts jusqu’à la corniche sont
typiques du XIIe siècle. Transformée au XVIIIe siècle
en église paroissiale et devenue aujourd’hui salle de
spectacle, ce petit édifice très dépouillé
dont l’intérêt architectural est moindre, témoignage
par son austérité du peu d’importance que l’on
accorde alors à tout ce q ui
n’a pas d’utilité militaire immédiate. Plus
encore, la chapelle peut être considérée comme
un élément de la fortification : la façade
sud, pratiquement aveugle, en fait une sorte d’écran
entre la ville et la cour du château .
3c - Le donjon
et la tour de l’horloge
Passée la
première cour, l’assaillant éventuel se heurte
à une première ligne de défense constituée
par deux grosses tours isolées de chaque côté
du pont : le donjon et la tour de l’horloge. Formidable construction
haute de 38 mètres et large de 15 mètres au niveau
de la cour, le donjon témoigne à lui seul de l’importance
militaire du site. Totalement isolé du reste du château,
il a été conçu comme un dernier réduit
donnant même à ses occupants la possibilité
de se défendre contre une attaque venant des autres parties
de la forteresse. Pratiquement imprenable sur ses faces extérieures,
le donjon est protégé sur le coté cour par
la herse et l’assommoir de l’entrée, par les mâchicoulis
du hourd et l’ensemble des petites fenêtres (les grandes
baies vitrées ont été percées tardivement).
La tour de l’horloge au contraire est un élément
à part entière de la forteresse et son utilité
ne se conçoit qu’en fonction des autres parties de la
fortification. Moins élevée que le donjon, elle a
cependant les mêmes caractéristiques : grand appareil,
rangée de meurtrières biaises correspondant à
un escalier à vis aménagé dans l’épaisseur
du mur, ouvertures rectangulaires surmontées d’un arc
de décharge. La partie supérieure a été
refaite au XVIIIe siècle pour servir de clocher à
la chapelle et il faut imaginer une disposition primitive semblable
à celle du donjon (avec existence de hourds). L’intérieur
offre
une disposition typique : grandes pièces circulaires avec
cheminées, bancs de pierre ménagés dans l’embrasement
des fenêtres, latrines percées dans l’épaisseur
du mur.
Tous les éléments architecturaux du donjon et de la
tour de l’horloge (grand appareil, absence de chemin de ronde
en pierre, herse, assommoir, archères biaises) désignent
le XIVe siècle comme date probable de construction et placent
ainsi Châteaugiron au cœur des grands courants architecturaux
de la Bretagne médiévale. La guerre de succession
entre Jean de Montfort et Charles de Blois provoquent en effet un
renouveau général de la construction militaire bretonne.
Châteaugiron est une place forte qui retient l’attention
des deux concurrents et la proximité de Rennes lui donne
une importance accrue. Les alentours de la capitale sont en effet
le théâtre d’un certain nombre de combats dont
les sièges de Rennes en 1342 par le parti de Blois et en
1356 par le duc de Lancastre soutenant les Montfort.
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