L'histoire du château
5a - Les reconstructions
La situation politique
nouvelle issue du traité de 1532,
va ôter au château de Châteaugiron son rôle
de défenseur de frontières. Si les guerres de la ligue,
et lépisode de Mercoeur amènent à nouveau
la guerre sur les bords de lYaigne, les murs du château
nauront plus après cela à subir lassaut
des armées. Les barons de Châteaugiron continueront
cependant à vivre derrière leurs murailles et au XVIIIe
siècle, ils reconstruisent dans le goût du jour les
bâtiments quils occupent. La cour darmes se heurte
désormais à un grand bâtiment classique dont
les lignes simples sintègrent aisément à
laustérité de la forteresse. Lintérieur
de ce corps de logis na malheureusement plus léclat
quil dut avoir à lorigine : des occupations modernes
inadaptées à ce genre darchitecture ont réduit
à sa plus simple expression le décor classique de
cette construction. Les occupants actuels (1974) tentent cependant
dallier au maximum les impératifs techniques quexigent
leur profession et le respect de ces vieux murs qui les abritent
aujourdhui. Lescalier monumental qui dessert le premier
étage est un des rares élément à avoir
conservé son aspect originel mais son délabrement
actuel permet difficilement dimaginer ce que fut la vie des
descendants dAnsquetil. Un petit pavillon, situé dans
langle nord-est du château et actuellement en cours
de restauration mérité dêtre mentionné.
Sil est un jour ouvert au public, le visiteur pourra atteindre
la galerie de bois qui le couronne et admirer de là le vaste
paysage qui soffrait déjà aux yeux du guetteur
du Moyen Age.
5b - Les ruines
dun passé
Ce
qui reste aujourdhui de la forteresse médiévale
nous a donc permis de placer le château de Châteaugiron
aux grands moments de la Renaissance des forteresses bretonnes.
En labsence de documents figurés donnant une description
du château avant la reconstruction du XVIIIe siècle,
nous sommes contraints de némettre que des hypothèses
sur une idée densemble de la forteresse. Il semble
cependant quen règle générale les nouveaux
bâtiments se soient greffés sur les anciens : le corps
de logis sappuie sur les murs qui soutenaient autrefois les
courtines et le pavillon nord-est a pris vraisemblablement la place
dune tour dangle. Lenceinte qui se développait
entre le château et la ville est plus difficile à imaginer
: si les restes découverts dans la rue du Porche se trouvaient
vérifiés, limportance de la forteresse serait
sans nul doute accrue et Châteaugiron pourrait alors être
comparé aux grands ensembles tels Vitré et Fougères
qui gardaient les frontières de Bretagne.
Les jeux de lhistoire et le poids du temps ont enlevé
au château une grande partie de sa splendeur et il reste muet
aujourdhui sur la vie quil a enfermé pendant
tant de siècles. Deux anecdotes sont cependant parvenue jusquà
nous : " le saut du poissonnier " était un des
privilèges des barons de Châteaugiron. Il leur permettait
dobliger à sauter dans les douves, au lendemain de
Pâques, les poissonniers qui avaient profité du carême
pour accroître leurs bénéfices. On raconte aussi
que ces braves commerçants payaient des jeunes gens plus
hardis pour goûter à leur place les plaisirs de la
baignade. Une seconde coutume ordonnait au vassal qui avait pris
femme dans lannée, de venir sur le pont pour chanter
au Seigneur la " Chanson de la Bergère " et lui
offrir une ceinture de laine de cinq couleurs différentes
et longue de cinq aulnes. Autant de coutumes aimables qui contrastent
agréablement avec les scènes de guerre et de pillage
dont fut si souvent témoin le château.
Texte de Gérard
Boulé
Janvier 1974
Depuis 1974, les
choses ont évolué : le laboratoire qui occupait alors
le château a laissé la place aux services municipaux
et les efforts de restauration se sont poursuivis. Laspect
de lensemble sest donc fortement amélioré
et la forteresse participe, de par son cadre exceptionnel, à
la vie culturelle de la petite ville de Châteaugiron.
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