L'histoire du château
3 - L'essor de la cité
C'est donc Louis II,
dit aussi "Le Bon", qui devint Duc de Bourbon et dut partir en Angleterre
avec d'autres otages comme garants du traité
de Brétigny en 1360. Il ne rentrera en France qu'en 1366. Pendant
son absence, la région est livrée aux "Grandes Compagnies", mélange
de soldats non payés et de bandits de tous pays. Louis II de Bourbon,
que les historiens décrivent comme un chevalier de grande bravoure
dans la tradition médiévale, ne pouvait rester insensible devant
pareille anarchie. Idéaliste, mais aussi réaliste, il décide d'assainir
son Duché et d'en renforcer les défenses. C'est ainsi que nous savons
qu'il "moult amenda" le château d'Hérisson aux environs de 1370.
Bien que rares et fort imprécis, les renseignements pris dans les
divers textes nous permettent de comprendre et d'imaginer l'importance
des travaux ordonnés par le Duc.
Le château était alors séparé de la ville par une basse-cour de
petites dimensions. Une entrée était probablement située entre la
tour Saint-Martin et la tour du guet (c'est à dire à l'extérieur
de l'enceinte de la ville). Le peu de surface habitable devait limiter
le nombre de soldats permanents de la garnison. Nous connaissons
en partie le cahier des charges des travaux effectués:
- surélévation des tours et courtines
d'environs 2 m à 2,50 m, avec pose de mâchicoulis.
- construction d'un donjon carré
et d'un logis comportant quatre grandes chambres.
- renforcement de défenses de
l'entrée du château et naturellement, modification de la basse-cour.
Imaginons les conséquences
de cette décision au XIVe siècle.
L'entreprise générale
n'existait pas mais des maîtres d'ouvre, constructeurs de grand
talent, étaient attachés aux puissants du royaume. Chargés d'établir
les plans de l'ouvrage, ils devaient, en outre, recruter des compagnons,
qui, à leur tour, devaient s'entourer d'aides et d'apprentis et
s'approvisionner en matériaux nécessaires. C'est en grande partie
grâce aux ouvrages de Viollet le Duc, grand restaurateur et même
recréateur " on le lui a assez souvent reproché " que nous pouvons
connaître l'organisation, les méthodes de travail, et tout particulièrement
les outils utilisés à cette époque médiévale. Cela nous permet d'avancer
certaines hypothèses quant au déroulement des travaux. Il est probable
que pendant environ une ou deux décennie le site d'Hérisson dut
ressembler à une véritable fourmilière!!
Environ 1500 M3 de pierres ont dû être extraites des
carrières avoisinantes, transportées sur le site du chantier, taillées,
élevées pour être ensuite assemblées à une hauteur de 10 mètres.
Il a fallu fabriquer la chaux, extraire et laver le sable, cuire
les tuiles, fondre du fer, forger nombre de clous et pentures, couper
des arbres, en faire des planches et des poutres etc... Il est difficile
d'imaginer le nombre d'ouvriers qui durent séjourner sur le chantier,
leur implantation, souvent avec leur famille, l'intendance pour
les nourrir, les vêtir, les soigner, les distraire (ce qu'il ne
faut surtout pas négliger), et les transformations que dut subir
la cité. Celui que les Bourbonnais appelaient le Bon Duc, Louis
de Bourbon, s'éteignit à Montluçon, à 73 ans, le 19 Avril 1410,
au milieu de la Guerre de Cent Ans.
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