L'histoire du château
6 - La fronde à nos jours
Nous voici maintenant
en 1650, année de "la Fronde", et dans notre région, le sieur du
Creux, capitaine et châtelain d'Hérisson, garde le château au nom
du Roi et lui est fidèle. A l'opposé, les partisans du Prince de
Condé, en révolte ouverte contre leur souverain, sont fortement
retranchés dans le château de Saint-Amand. Leurs troupes sont placées
sous les ordres de François de Ventadour, marquis de Persan. A plusieurs
reprises, ils vont essayer de prendre le château d'Hérisson, lieu
stratégique, sans y parvenir. Pourtant, au début de 1651, sans
que nous sachions par quel procédé, ville et château furent enfin
occupés par les troupes de Condé, toujours sous les ordres de Persan.
Monsieur de Saint-Gérand, alors gouverneur du Bourbonnais, décida
de remettre la forteresse entre les mains du pouvoir royal. N'ayant
pas d'artillerie, il fit donner l'assaut de plusieurs côté à la
fois, parvenant ainsi le 2 novembre 1651 à s'emparer de la basse-cour.
Restait la partie principale, imprenable par la force sans canons.
Les efforts portèrent sur le puits qui alimentait la forteresse
en eau. Ce puits, bien protégé par une gaine en pierre, était situé
dans la basse-cour. Les défenseurs pouvaient s'approvisionner en
eau par un souterrain situé à mi-hauteur du puits. La Gazette de
France nous rapporte que "Les hommes de Saint-Gérand s'attaquèrent
à une muraille qui couvrait le puits et ayant percé la dalle de
protection, obstruèrent le souterrain ôtant ainsi aux ennemis le
moyen de s'en servir". Nous étions le 5 décembre et le forteresse
résistait depuis un mois. Enfin, ce jour là, le comte de Pionsat
amena les deux canons demandés. Pendant quatre jours et quatre nuits
le canon tira, n'emportant toutefois que quelques courtines. Le
8 décembre, après qu'une mine placée contre la muraille, entre une
tour et le petit donjon, eut fait son oeuvre, les assiégés effrayés
demandèrent de parlementer. Le 10 décembre, la garnison évacuait
le château. Les troupes royales avaient eu 6 hommes tués et 12 blessés.
Ce fut le dernier fait de guerre du château d'Hérisson. Au cours
de l'hiver, sur ordre de Mazarin, 3000 paysans furent réquisitionnés
pour démolir ce qui était encore le symbole de la puissance féodale.
En 1698, il est décrit comme un "vieil château" tout démoli que
le lierre envahit. Les pluies et les infiltrations d'eau peu à peu
désagrègent des pans de muraille, qui en s'effondrant, vont offrir
aux habitants d'Hérisson une véritable carrière de pierres toutes
taillées.
Un plan des jardins, daté de 1771, nous apprend qu'il existait alors
une culture de mûriers dans la basse-cour avec un élevage de vers
à soie, dans une petite maison érigée à l'emplacement de la chapelle
Saint-Blaise disparue à la fin du siècle.
En 1890, la partie nord-est du donjon s'effondra. En 1966, mille
jeunes, sous l'égide du Club du Vieux Manoir, prirent en charge
la mise en valeur du bâtiment. De nos jours, il reste encore beaucoup
à faire pour préserver ce qui subsiste.
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