L'histoire du château et des seigneurs
7 - Le XXe siècle : restauration
et conservation
Monsieur de la Ville
Leroux l'acheta en 1914 au duc de Feltre mais ne le garda que très
peu d'années. Entre 1892 et 1931 aucune restauration ne fut menée
à terme. Le château fut classé Monument historique en 1925 et son
propriétaire le vendit en 1931 à Monsieur et Madame Joüon des Longrais.
Frédéric Joüon des Longrais (1892-1975) réalisait un vieux rêve
d'enfant.
Entre 1932 et 1938, il le restaure avec l'aide des Monuments Historiques
tout en utilisant la main-d'ouvre locale.
La première tranche de restauration concerna le logis du gouverneur.
Comme il a été signalé précédemment, le pignon nord fut reculé de
4,80 m lorsque Garengeau entreprit la transformation du château
en fort de défense côtière. A l'intérieur, à la même époque, le
niveau avait été relevé de 1,10 m par rapport au niveau primitif.
Celui-ci a pu être retrouvé grâce à la cheminée. Le sol de la fin
du XVIIe siècle avait été posé sur les décombres de l'incendie de
1597. Ces décombres, poutres calcinées et débris divers, furent
révélés lorsque l'on voulut redonner au bâtiment son niveau initial...
Des ouvertures furent percées au rez de chaussée et au premier étage
et les combles s'ornèrent de lucarnes. C'est la restauration la
plus importante, elle est pratiquement achevée en 1935.
La deuxième tranche toucha dans tous les autres bâtiments remaniés
sous Garengeau. La chapelle était à ciel ouvert, un toit d'ardoise
de Commana ne tarda pas à la couvrir. L'édifice fut surmonté d'un
clocheton tout semblable à ceux des chapelles avoisinantes (Vieux
Bourg en Fréhel et Plurien). De vieux saints vinrent l'agrémenter.
Dans la première avancée, l'écurie est restaurée. Les chevaux-vapeurs
des temps modernes peuvent se garer. L'ancien corps de garde, construction
sommaire sans étage adossée à la muraille ancienne, est très ruiné.
Monsieur Joüon des Longrais lui substitue en 1937 un bâtiment d'un
étage en reconstruisant la façade sud et le pignon est. Il précise
lui-même dans l'ouvrage très documenté qu'il a écrit sur le château
que les plans furent "établis par Monsieur Prieur, architecte
en chef des Monuments Historiques, et les travaux exécutés suivant
les procédés anciens par des artisans du pays".
Le dégagement de la citerne a mis en évidence tout le système de
canalisation ancien et a permis de mettre à jour, vers l'arrière
un curieux pont-levis. Tout porte à croire qu'il est lié aux travaux
de Garengeau sur la muraille nord-ouest. Son utilité paraît improbable,
s'agit-il d'un leurre destiné à tromper l'ennemi ? En 1938, on peut
dire que le Fort La Latte est sauvé.
Monsieur Joüon des Longrais fut nommé Directeur de la Maison Franco-japonaise
en 1939. Compte tenu des événements, il y resta plus longtemps que
prévu et lorsqu'il revint en 1947, le château avait subi quelques
dommages. Dans une exhaustive que Madame Joüon des Longrais dressa
alors, on peut constater
que non seulement l'autel du XVIIIe siècle et les saints ornant
la chapelle furent brûlés, mais tous les meubles meublants, tous
les accessoires avait "disparu" selon son expression.
Le logis du gouverneur avait été vidé de son contenu...L'occupant
avait réquisitionné un certain nombre de couvertures et des prisonniers
y firent un séjour pendant le rigoureux hiver 1942. Quoi d mieux
pour se chauffer que le vieux bois ?
Désappointés, certes, ils le furent, cependant ils ne se découragèrent
pas et poursuivirent l'ouvre entreprise. La demeure ancienne est
très exposée, elle demande un entretien constant : rejointoiement
des murailles, consolidation et constitution d'un environnement
en plantant sur des terres agricoles en état d'abandon. Tache ingrate,
sur cette presqu'île battue par les vents, arbustes et arbres poussent
avec difficulté, il faut montrer beaucoup de patience et de persévérance.
Leurs efforts furent couronnés de succès, un nombre croissant de
touristes le visitent à partir des années soixante.
Depuis, un certain nombre de longs métrages, de feuilletons télévisés,
voir de clips ont été tournés en ses murs :
- Les vikings (1957)
- Le jeu d'Elsenberg (1963)
- Le vengeur (1975)
- Dorothée, danseuse de corde
(1983)
- Le Gerfaut et le film "Chouans"
de Philippe de Broca en 1987
- Le jeu du roi (1988)
Depuis 1981, le château
est dans les mains d'une nouvelle génération. Entretenir au mieux
ce joyau féodal remanié à la Vauban, en préserver l'environnement
afin de la transmettre en état aux générations futures, tels sont
les devoirs que se sont imposés les propriétaires. Il faut du doigté,
de la vigilance et surtout beaucoup d'amour.
récit d'après Isabelle
Joüon des Longrais
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