Description de la construction du château
Trop souvent, l'imagination
collectif ne retient des châteaux forts que l'aspect guerrier. Or
le château fort ne remplissait pas uniquement un rôle militaire.
En temps de paix, c'est à dire le plus souvent, il était un centre
politico-administratif à l'échelle de la seigneurie, ainsi que le
symbole du pouvoir seigneurial pour la collectivité paysanne. Enfin,
il remplissait le rôle de demeure familiale, cristallisant un lignage.
Trémazan est ainsi le berceau du lignage des Du Castel ; une vaste
demeure où la vie familiale et domestique occupa plus de place que
la guerre.
1 - Le donjon
Haute
tour quadrangulaire de plus de 25 m, le donjon a été construit au
début du XIVe siècle, entre 1330 et 1350 selon les études les plus
récentes. Cet édifice présente un aspect particulier du fait de
la diminution graduelle de sa largeur qui passe de bas en haut de
11 m à 9,50 m. Il est, avec ceux de Hédé en Ille et Vilaine et de
Clisson en Loire Atlantique, l'un des rares exemples de donjon quadrangulaire
subsistant dans l'ouest de la France. Malgré son état, il est le
mieux conservé des trois.
contrairement à ce que pourrait laisser penser l'élargissement de
sa base, le donjon n'est pas bâti sur une motte. Le renflement visible
s'explique par la présence d'un talus maçonné accolé à la tour sur
trois de ses côtés.
Le donjon de Trémazan était destiné au logement du maître des lieux
comme en témoignent certains aménagements visant à améliorer le
confort d'une tour somme toute assez fruste. Cheminant dans l'épaisseur
des murs, des escaliers droits, larges de 70 cm, permettaient d'accéder
à trois étages planchéiés. L'absence de communication dans la maçonnerie
entre le trois et le quatrième étage indique que l'accès à ce dernier
se faisait au moyen d'une échelle ou d'un escalier en bois.
Des poutres de bois traversant les murs soutenaient les planchers
qui ont aujourd'hui totalement disparu. Aucun élément ne permet
de connaître l'aménagement intérieur des pièces. Les murs intérieurs
étaient recouverts d'un enduit de chaux, peut-être autrefois peint,
et toujours visible par endroit. Chaque niveau offrait un espace
habitable d'environ de 30 m2, soit au total 150 m2.
L'organisation verticale de la tour apparaît sans trop de difficulté.
Le niveau inférieur était destiné à l'accueil et le premier étage
à la réception comme en témoigne la présence de l'unique cheminée
de la tour réservée à la préparation de la nourriture (face Sud-Ouest).
Le chauffage des autres étages était probablement assuré par des
Braseros. L'aménagement d'un conduit de latrines dans la face nord-ouest
du premier étage laisse penser qu'il jouait un rôle partagé réception-logement
comme cela est souvent le cas dans les édifices de taille réduite.
Aucun lavabo ou évier n'apparaît dans le gros oeuvre. De même aucun
dispositif d'adduction d'eau n'est visible. Une poterne débouche
dans les douves, au pied de la façade sud-est. Elle permettait
l'accès aux douves, à partir du rez de chaussée, afin d'assurer
leur entretien régulier.
L'éclairage de la tour était assuré par vingt cinq baies, dont vingt
et une fenêtres assez régulièrement réparties sur l'ouvrage. Le
troisième étage est percé de cinq baies hautes de 1,70 m et larges
de 40 cm. Ces fenêtres trilobées à lancette, propres à la fin du
XIIIe et au XIVe siècles, devaient éclairer la salle d'honneur ou,
plus probablement, les logements privés du seigneur.
La fermeture des fenêtres était assurée par des verrières ou des
toiles enduites de térébenthine ou cirées. L'utilisation du verre,
attestée dès le XIIIe siècle, dépendait de la fortune et du prestige
du seigneur. Des logements de poutres dans la maçonnerie au dessus
des fenêtres du troisième étage, de la porte et des baies du rez
de chaussée indiquent qu'elles étaient surmontées d'un auvent.
Le type de couverture du donjon n'est pas connu avec précision.
Si des pendentifs probablement destinés à soutenir la charpente
sont visbles aux angles intérieurs, on ignore, faute de documents,
quel était l'aspect de la toiture.
Si la destination du deuxième étage n'est pas connue, le quatrième
étage jouait quant à lui un rôle essentiellement défensif.
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