L'historique des seigneurs Du Castel
Le nom du château de
Trémazan est intimement lié à celui d'une famille : celle des Du
Chastel. Ce sont eux qui le construisirent et en firent leur principale
demeure pendant plusieurs siècles. L'origine de ce lignage est encore
environné de brunes, mais au fil de l'histoire, il gagna sa place
au soleil. Tant et si bien que les Du Chastel finirent par prendre
rang dans la haute aristocratie bretonne et compter parmi les quatre
familles les plus importantes du Léon qu'un ancien dicton caractérise
en ces termes : antiquité de Penhoët, vaillance Du Chastel, richesse
de Kermavan et chevalerie de Kergounadeac'h. Mais la fin du XVIe
siècle leur sera fatale car, faute d'héritiers mâles, la branche
aînée finira par s'éteindre.
1a - Les origines
Des
Du Chastel sont mentionnés aux XIe et XIIe siècles dans des chartes
rédigées en latin où ils apparaissent sous le nom de "de Castro".
Ainsi Marc de Castro appose t-il sa signature dans une charte de
l'abbaye de Saint-Georges de Rennes en 1080 et Arthur de Castro
dans une charte de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur en 1086.
Par ailleurs, deux autres Du Castel auraient participé à l'assise
au comte Geoffroy, réunie à Rennes en 1185, qui institua dans le
duché le droit d'aînesse afin de mettre un terme au morcellement
des fiefs. Mais il est pas certain que ces premières mentions puissent
se rattacher au lignage de Trémazan, car d'autres familles, en Bretagne,
portèrent le même nom. Cependant, il est probable que les Du Chastel
remontent à cette époque car ils justifièrent de quatorze générations
à la réformation de 1491.
Ce n'est qu'à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle qu'une
généalogie cohérente peut être établie. Celle-ci présente pas moins
de treize générations de la branche aînée des du Chastel qui bâtirent
le château de Trémazan et y vécurent.
1b - Les Fondateurs
Le lignage du Chastel
commence véritablement avec Bernard 1er qui aurait participé à la
septième croisade (1248-1254) menée par Saint-Louis. Il est mentionné
en 1274 et en 1276 dans deux actes relatifs à la vente des terres
du vicomte de Léon au duc Jean 1er le Roux.
Trois générations plus tard, Tanguy 1er du Chastel donnera une nouvelle
impulsion à la famille grâce au soutien qu'il apporta au parti Montfortiste
pendant la guerre de succession de Bretagne dont il fut l'un des
principaux chefs de guerre. Dès 1342, il fut nommé capitaine de
Brest et, dans la même année, il mena avec Gauthier de Mauny un
coup de main audacieux qui aboutit à la capture du vicomte de Léon
et de plusieurs autres seigneurs qui avaient pris le parti de Charles
de Blois, alors qu'ils passaient la nuit dans la maison forte de
Porléac'h située près de Lesneven. Tanguy 1er participa en 1347
à la bataille de la Roche-Derrien, à l'issue de laquelle Charles
de Blois fut fait prisonnier. On le retrouve encore en 1352 à la
bataille de Mauron.
Lorsqu'en 1344 le parti adverse fut en position dominante, Jean
de Montfort étant retenu à Paris après avoir été fait prisonnier
fin 1341, bon nombre de ses partisans se rallièrent à Charles de
Blois. C'est ainsi que Tanguy 1er du Chastel reçut une lettre de
rémission du roi de France Philippe VI.
Malgré le contenu de la missive, il probable que le ralliement de
Tanguy du Chastel était seulement de circonstance, car dès que Jean
de Montfort relança la lutte au printemps 1345, le seigneur de Trémazan
le rejoignit. Ce bref revirement lui permit de laisser passer l'orage
et de préserver l'avenir. En plus de ses qualités militaires, Tanguy
1er du Chastel fit ainsi montre d'un certain sens politique. Il
en fut largement récompensé.
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