L'historique des seigneurs Du Castel
4 - Les Cadets des du Chastel (suite)
Dans
la perspective d'une réconciliation avec le duc de Bourgogne, Charles
VII résolut à se séparer des ultras de son parti et en particulier
son maître d'hôtel de venu encombrant. Ce dernier rejoignit alors
Beaucaire, dont il était sénéchal depuis 1415, à quelques kilomètres
seulement de la Méditerranée. Définitivement écarté de la cour après
le traité d'Arras qui scella en 1435 la réconciliation entre Charles
VII et Philippe III bon, Tanguy ne revit le roi qu'à quelques rares
occasions. Il le retrouva en 1435 à Montpellier où le roi avait
convoqué les états du Languedoc. après le retour de Charles VII
à Paris en 1437, il semble que Tanguy tenta de se rétablir dans
son ancienne fonction de prévôt dont il avait été chassé en 1418
par les Bourguignons. Le roi le laissa user du titre mais un autre
prévôt fut nommé.
Dans les années 1446-1447, il servit de nouveau en Italie. Le roi
lui confia en 1448 une dernière ambassade. Accompagné de Jacques
Cour, il se rendit à Rome afin de rendre obédience au pape légitime
Nicolas V, non sans avoir au passage obtenu la renonciation de l'antipape
Félix V. Au terme d'une carrière bien remplie qui
l'amena à sillonner la France et à découvrir des pays étrangers,
Tanguy du Chastel s'éteignit à Beaucaire en 1449 ou en 1458.
Le second du Chastel à s'illustrer au service du roi de France était
un neveu du prévôt de Paris, Tanguy du Chastel. Grâce à ce dernier,
Guillaume du Chastel devint panetier de Charles VII. Il trouva la
mort en 1441 au siège de Pontoise, dernière place des environs de
Paris encore occupée par les Anglais. Le roi le fit inhumer dans
la nécropole royale de Saint-Denis. Seuls deux grands serviteurs
de l'état bénéficièrent de cet honneur posthume, l'autre étant Bertrand
du Guesclin, un autre breton. Le gisant de Guillaume du Chastel
porte cette épitaphe : "Cy gist noble homme Guille du Chastel,
de la basse Bretaigne, panetier du roi Charles VIIe, escuier de
l'escurie de mons le dauphin, qui trépassa le 20e jour de juillet
de l'an de grâce 1441 durant le siège de Pontoise ... Et pleut au
roy, pour sa grande vaillance et les services qu'i luy avoit faiz
en maintes manières, et spécialement en la deffense de ceste ville
de Saint-Denis contre le siège des Anglais, qu'i jeust enterré céans.
Dieu luy face merci, amen". Il est certain que par ce geste
Charles VII tenait à honorer également son ancien prévôt et la famille
dont il était issu.
Le dernier frère de Guillaume, un autre Tanguy, entra également
au service du roi Charles VII dont il fut grand écuyer. En 1461,
il prit à sa charge les funérailles du roi abandonné par son fils,
dont il ne fut remboursé
que dix ans plus tard. Cette action resta célèbre car en 1560, au
décès du roi François II abandonné par son entourage, on inscrivit
sur le drap mortuaire : "où est maintenant Tanneguy du Chastel".
Tanguy revint alors en Bretagne, où par son mariage avec Jeanne
Raguenel de Malestroit, il devint vicomte de la Bellière, du nom
d'un apanage situé sur la paroisse primitive de Pleudihen, dans
les Côtes-d'Armor.
Soucieux de s'attacher les services d'un grand serviteur de l'état
français, le dernier duc de Bretagne, François II, lui proposa en
1462 la fonction de grand maître de l'Hôtel, soit le responsable
de la maison ducale. Tanguy se voyait donc offrir un office digne
de son rang et de son poids politique. Par la même occasion, il
devint capitaine de la ville de Nantes. De par sa fonction, Tanguy
participait au conseil ducal. Le souverain breton le chargea de
missions de confiance. Il fit ainsi partie de l'ambassade qui se
rendit en Angleterre en 1465 pour assister au mariage du roi Édouard
IV. Il quitta la cour bretonne peu de temps après, au moment de
la ligue de Bien public qui opposa le roi XI à ses grands féodaux
révoltés. Tanguy passa alors au service du Valois qui en fit son
écuyer et le nomma gouverneur de Cerdagne et Roussillon. Une nouvelle
fois, il mena une ambassade en 1470 auprès du roi d'Angleterre,
mais pour le compte d'un autre souverain.
Fin politique, Tanguy du Chastel était également un lettré puisqu'il
possédait quelques ouvrages. Nous savons qu'il disposait d'un exemplaire
du Songe du vieil pèlerin de Philippe de Mézières. Lors de la campagne
militaire de Picardie en 1477, il fut mortellement blessé d'un coup
de fauconneau pendant le siège de la ville de Bouchain. Louis XI
fit porter son corps dans la basilique Notre Dame de Cléry, près
d'Orléans, où lui-même sera inhumé quelques années plus tard.
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