Description de la construction du château
La présence latente
de la guerre au XIVe siècle se traduit par l'apparition et le développement
de bâtiments en forme de tour maîtresse regroupant les fonctions
résidentielles et défensives. Généralement, ces tours résidentielles
forment en elle-même le château avec des enceintes de taille réduite.
Une telle disposition se rencontre dans la tour Solidor de Saint-Servan
(35), mais aussi à Trémazan.
Résidence seigneuriale, le château de Trémazan présente également
les principaux attributs de la symbolique castrale, à savoir ceux
que l'on accorde le plus souvent à ce type de construction : les
attributs guerriers. Participant à la défense d'une côte propice
à un débarquement, aussi bien qu'à la protection de ses propriétaires
et de la population locale, le château ne fut toutefois jamais une
forteresse de premier ordre. L'examen des vestiges témoigne cependant
de la volonté des Du Chastel d'adapter leur château à l'évolution
de la guerre entre le XIVe et le XVe siècle.
4 - La défense
passive
Premier élément défensif
auquel un assaillant doit faire face, des douves de 20 à 30 m de
large entourent les deux enceintes et les mettent
à l'abri d'un assaut direct. la cuvette naturelle paraît avoir été
creusée pour augmenter la surface couverte d'eau. Au nord-ouest,
au sud-ouest et au sud-est, la contrescarpe semble partiellement
maçonnée. L'inondation des douves était possible grâce à une digue
de pierre, au nord, qui retenait les eaux du ruisseau coulant vers
la mer au creux du vallon. Les vestiges de ce barrage sont encore
bien visibles aujourd'hui.
Second élément de défense passive, les courtines sont constituées
de deux murs appareillés entre lesquels des moellons liés par un
mortier de terre constituent le blocage. Le parement extérieur est
plus soigné que le parement intérieur afin de résister au travaux
de sape de l'assaillant. Ce parement en petit appareil est constitué
d'assises plus régulières aux joints extrêmement fins, tandis que
le parement intérieur est formé de moellons plats disposés en lits
moins réguliers.
La valeur défensive du donjon reposait essentiellement sur ses murs
épais de 2,30 m qui forment une véritable carapace. Ils sont constitués
de petites pierres plates jointoyées à l'argile et, plus rarement,
à la chaux. Les angles sont renforcés par des pierres de taille.
Le parement extérieur était recouvert d'un enduit de chaux destiné
à la fois à cacher à l'ennemi la vraie nature de la maçonnerie et
à éviter les infiltrations d'eau. Cet enduit apparaît encore aujourd'hui,
notamment sur les façades sud-est et nord-est.
Les courtines de la première enceinte sont larges d'environ 2,80
m. Elles devaient s'élever à une quinzaine de mètres, comme l'atteste
la présence d'une porte d'accès à partir du donjon sur la façade
sur-est. Enfin, les courtines de la seconde enceinte révèlent que
cet ensemble intégrait dès sa construction les techniques militaires
les plus modernes. Hautes de moins d'une dizaine de mètres seulement,
elles présentent ainsi une surface moins importante aux tirs d'artillerie.
Leur largeur est cependant sensiblement égale à celle de la première
enceinte.
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