Descritif du château
1 - Un château souterrain
Dans de nombreux
châteaux, la légende parle de souterrains de plusieurs
kilomètres qui relieraient les caves des demeures seigneuriales
à des abbayes ou d'autres fortifications. On est aujourd'hui
en mesure d'affirmer que ces boyaux étroits n'existent le
plus souvent que dans l'imagination de propriétaires en mal
d'aventure. À Brézé, c'est le contraire. Depuis
des générations, les souterrains étaient connus,
mais personne n'avait le droit d'en parler et même les employés
du château ne s'y aventuraient guère. Ce n'est que
dernièrement que ces derniers ont été réellement
explorés, topographiés et identifiés. Non seulement
il était interdit de se promener ailleurs que dans les celliers,
les chais ou les pressoirs mais, de plus, la plupart des caves étaient
fermées à double tour. C'est ce secret qui a entouré
les caves de Brézé qui a certainement sauvé
et préservé les inestimables vestiges troglodytiques
du château.
En effet, ce dernier est aussi étendu sous terre qu'au-dessus
de la surface du sol. Dès l'abord, le visiteur reste surpris
par les dimensions et la profondeur des douves sèches qui
entourent l'ensemble du logis. Ces dernières passent pour
les plus profondes d'Europe à faire le tour complet d'un
château. Ce modèle de douves sèches creusées
dans la pierre se rencontre également dans certains châteaux
de la Vienne. Le visiteur, en découvrant les douves, reste
surpris par les importants creusements dont on voit les façades
au pied de la falaise artificielle. L'ensemble de ces cavités
constitue un exceptionnel exemple de dépendances troglodytiques
conservées dans leur état ancien. Cet ensemble de
structures creusées, entièrement artificielles, est
composé de trois parties distinctes.
La partie la plus ancienne des souterrains est, sans doute, celle
qui est directement située sous le château. Une autre
partie est composée des salles qui bordent les douves (sous
le parc) et une troisième partie est celle qui est accessible
par une longue galerie s'ouvrant au sud est des douves.
1b - Les douves
sèches
Les
plus importants volumes creusés du château, bien qu'à
ciel ouvert, sont les douves sèches. Ces dernières
furent établies à une période encore mal connue
mais remontant au moins au milieu du XVe siècle, époque
à laquelle le château fut de nouveau fortifié.
On retrouve quelques éléments de décoration,
appartenant à cette phase de l'histoire du château,
dans les déblais fermant les entrées de carrières
à l'ouest. L'importance des douves est certainement due à
la recherche d'une meilleure solution défensive et aux besoins
de tirer la pierre nécessaire à la construction de
bâtiments aujourd'hui en grande partie disparus (seules trois
tours sont conservées). Profondes de 18 mètres, ces
dernières furent creusées en deux temps (une deuxième
période de creusement peut être située vers
1515, date du rachat des terrains au sud-ouest du château).
On voit encore la trace de ce surcreusement dans la base monolithe
des piles des ponts d'entrée (pont-levis du type à
bascule). Quelques traces de frottements d'essieux de charrettes
(à mi-hauteur des douves) montrent également l'existence
d'un niveau primitif moins profond. Ces douves donnent aujourd'hui
accès à un système de cavités dont les
plus anciennes sont situées sous le château.
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