Descritif du château
6 - Les cuisines troglodytes
La
salle suivante présente un volume fort simple, sans usage
connu, mais montrant au sol de curieuses trace qui semblent indiquer
la présence d'une forge ou de foyers. L'ensemble de ces structures
creusées et celliers ont servi lors des événements
de la Fronde. En effet, en 1653 et en 1654, les souterrains de Brézé
servirent de refuge aux armées de Louis II de Bourbon, le
Grand Condé. Plus de 500 hommes de troupe y vécurent
un temps, remplacés peu après par les hommes des armées
du Roi. On imagine encore sans peine, les soldats et officiers occupant
les douves et les imposantes caves. Cette salle non identifiable
pourrait être le dernier vestige des foyers nombreux qu'il
fallait pour cuire les aliments d'une armée aussi nombreuse.
Cet usage aurait complété les possibilités
offertes par la salle suivante.
Les amoureux de patrimoine trouveront en effet, au détour
d'un couloir de petite taille, la plus importante cuisine troglodytique
connue en France. D'ordinaire désignée par les habitants
de Brézé comme un fournil souterrain (le village s'en
servit durant la seconde guerre mondiale pour y faire discrètement
du pain), cette cuisine est d'une taille exceptionnelle et conserve
une grande intégrité. Certainement creusée
aux XIVe et Xve siècles, elle fut totalement remodelée
par la reconstruction des fours et de la cheminée XVIe que
l'on peut y voir encore actuellement. On verra dès l'entrée,
l'imposant âtre monumental dont le manteau est d'une portée
exceptionnelle. Cette cheminée unique accueille encore deux
fours à pain et un rare four à sucrerie. L'appareillage
de la cheminée est ici eimpressionnant mais laisse encore
apercevoir les ruines d'une bouche de four gothique antérieure.
La pièce creusée possède également de
nombreux détails d'intérêt comme le magnifique
évier du XVIe siècle ou le " potager " à
trois réchauds. Ce dernier est en réalité l'ancêtre
des modernes cuisinières et permettait la réalisation
de plats sans flammes nues.
Le visiteur remarquera également la niche ou loge du "
mitron ", qui s'ouvre en hauteur dans la pièce et à
laquelle on accède par un étroit escalier monolithe
prenant son départ face au puits à eau à deux
niveaux. Cette petite pièce montre encore les traces d'une
étagère, les abatants reconstitués d'une couche
et d'une niche à effets. Le mitron pouvait, depuis sa couche,
surveiller la cuisine, le tirage des fours et surtout les réserves
de nourriture. Une autre obligation l'attendait sans doute: celle
de surveiller le levage de la pâte. En fait, pour favoriser
ce levage, les concepteurs de la cuisine et du fournil avaient aménagé
une pièce spéciale. Une petite porte, jouxtant la
cheminée, donne accès à la " pièce
chaude " creusée au-dessus des fours. La chaleur de
ces derniers permettait, grâce à la présence
d'un sol de tomettes sur lequel reposait la pâte, un levage
plus rapide et contrôlé. Des étagères
magnifiques et monolithes, creusées en saillie dans le tuffeau,
recevaient le levain et les autres denrées qui devaient être
conservées plus au frais. On le voit, cette cuisine n'avait
rien à envier aux cuisines des châteaux bâtis
et possédait l'avantage d'une utilisation diminuant sérieusement
les risques d'incendies.
La sortie de l'ancien fournil s'effectue par la façade Renaissance
de la cuisine. Bien qu'un escalier creusé intérieur
ait été découvert lors des travaux d'aménagement
pour la visite, l'escalier extérieur est ancien. Il offre
depuis son sommet, une magnifique vue d'ensemble sur les douves
et le château qui donne là, toute sa dimension et sa
démesure.
6b - A voir en
sortant
La
sortie des sous-sols accessibles au public se fait, de nouveau,
à travers le pont levis souterrain et en empruntant la grande
galerie souterraine menant à la cour d'honneur du château
construit. Le visiteur pourra trouver, en sortant, une boutique-librairie
spécialisée dans le patrimoine troglodytique et les
châteaux. Cette boutique est complétée par d'autres
installations situées dans le parc. L'ensemble de ce dernier
présente de nombreux autres points d'intérêt.
On verra notamment le pigeonnier, récemment restauré
avec l'aide de l'Etat et de la Région, qui est le plus important
d'Anjou avec 3700 boulins conservés. Il sert aujourd'hui
à la dégustation des vins de la propriété.
Un autre espace de dégustation est également présent
au sein des bâtiments classés des anciennes écuries.
Ces dernières accueillent le Centre de Documentation sur
le Patrimoine Souterrain, conservant des collections importantes
d'ouvrages, gravures, photographies, et documents divers en libre
accès sur demande auprès de la direction. Ce Centre
est complété par les installations de réception,
avec cuisines et salles pouvant recevoir jusqu'à trois cent
personnes, qui sont en fonctionnement et qui rendent possible l'organisation
de congrès, de conventions, de mariages et de tous autres
évènements. Une salle d'exposition de 700 m2 existe
également au premier étage des écuries et dépend
du centre de Documentation.
A Brézé, comme ailleurs, la seule garantie de conservation
du patrimoine est sa réutilisation. Le Site, propriété
de la comtesse et du comte de Colbert, veut compléter l'offre
touristique régionale en ouvrant au public le plus large,
l'un des fleurons du patrimoine souterrain français et européens.
Un véritable château de la Loire troglodytique !
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