COUPABLE DE CROISADE
La croisade contre les
albigeois 1208 - 1243
10 - Le siège
de Toulouse et mort de Simon de Montfort
Début 1217, Simon
de Montfort, maître de Toulouse, décide d'étendre encore le territoire
qu'il contrôle et part pour la vallée du Rhône avec son armée.
Une fois de plus,
Toulouse se soulève dès le départ de l'armée
croisée, expulse les croisés et l'évêque
Foulques à l'extérieur de la ville. Même la
femme de Simon de Montfort se retrouve bloquée dans le château
Narbonnais à l'extérieur à la ville. Profitant
de la situation, Raimond VI traverse le territoire du comté
sans se faire reconnaître, puis entre enfin dans Toulouse
où les capitouls lui assurent leur entière fidélité.
Avec ses fidèles, il organise alors la défense avant
le retour de Simon de Montfort. Ce dernier, averti, revient le plus
rapidement possible à Toulouse et se retrouve face à
une défense remontée à la hâte qui dispose
désormais d'un rideau défensif succinct mais efficace.
Simon n'a que son armée, les renforts de la croisade sont
déjà repartis ou ne sont pas arrivés et les
combats tournent vite à l'avantage des toulousains qui sont
bien retranchés. La ville n'est d'ailleurs pas totalement
encerclée, et ses habitants contrôlent la Garonne,
par laquelle ils sont ravitaillés. Les croisés tentent
diverses attaques directes ou de flanc, mais rien ne passe. Simon
décide d'attendre des renforts et envoie des messages au
secours au pape et ou roi de France. Les mois passent.
Début 1218, Raimond VII le jeune arrive triomphalement à Toulouse
avec son armée. Simon de Montfort a été incapable de contrer son
entrée dans la ville et ne peut que constater son installation.
Pourtant, malgré son apport, les toulousains n'arrivent pas non
plus à desserrer l'étreinte. Enfin, les renforts croisés arrivent.
Fort de cette puissance numérique, Simon de Montfort passe la Garonne
avec une partie de son armée et entre dans le faubourg Saint Cyprien
qui n'est pas fortifié. Le pont qui joint les deux rives est détruit
par les toulousains, mais les croisés bloquent désormais tout le
sud de Toulouse. Simon est pressé. Il sait que les croisés repartiront
dès la fin de leur quarantaine, et qu'il ne pourra pas rester un
an de plus sous les remparts de Toulouse. Il décide de fabriquer
une tour d'attaque, une "chatte" avec laquelle il pourra passer
par dessus les défenses et arriver directement sur les remparts
de Toulouse. Un matin, la tour se met en branle et arrive bientôt
devant les défenses de la ville. Les toulousains l'ajustent avec
leurs pierrières et leurs trébuchets. Les pierres pleuvent dru et
commencent à démantibuler la tour qui n'a même pas pu arriver à
décharger son contenu de soldats sur les murs de Toulouse. Simon
prête main-forte à l'avance de la tour, quand une pierre lancée
de derrière le front toulousain vient soudain éclater son heaume.
Simon de Montfort tombe raide-mort.
C'est
la consternation parmi les croisés. Malgré la reprise des combats
sous le commandement d'Amaury, le fils de Simon, les croisés et
l'armée de Montfort sont démoralisés. Le siège est levé, les croisés
repartent chez eux, et l'armée de Montfort rentre à Carcassonne.
Raimond VII est maître de son comté. Les comtes de Foix et de Bigorre
en profitent pour se libérer de leur serment à Simon de Montfort.
A Rome, Honorius III a succédé à Innocent III. De nouveau, les évêques
avec à leur tête,Arnaud-Amaury désormais archevèque de Narbonne,
soutenus par Amaury de Montfort, le persuadent de convoquer une
nouvelle croisade pour lutter contre le comte de Toulouse. Les évêques
font aussi pression sur Philippe Auguste en arguant du fait que
Raimond VII n'avait pas fait allégeance au roi de France, mais avait
même combattu Simon de Montfort, le comte de Toulouse "officiel".
Cette fois-ci, Philippe Auguste sent qu'il faut intervenir. Il envoie
son armée commandée par le prince héritier Louis secourir la croisade.
En 1218, Louis arrive de Marmande. C'est la première ville sous
contrôle de Raimond VII qu'il trouve sur sa route. Il décide avec
la bénédiction du légat du pape, d'en faire un exemple, peut-être
en se souvenant de Béziers. Après un siège terrible, Louis entre
dans Marmande, brûle les hérétiques et massacre les autres. Il arrive
ensuite devant Toulouse. Mais là, une fois de plus, il est obligé
de lever le siège sans rentrer dans la ville. Il rentre à Paris
dès la fin de sa quarantaine. Amaury de Montfort est désormais seul
face aux comtes du midi. Le comte de Toulouse, le comte de Foix
sont les maîtres sur leurs sols. Raimond VI, l'ancien comte de Toulouse,
meurt en 1222 dans une ville libéré des croisés. Mais Raimond VII
n'est reconnu ni par l'Eglise Catholique ni par le roi de France...
En 1223, après la mort de Philippe Auguste, le prince Louis de France
devient Louis VIII. Il va continuer la politique de son père : expansion
du domaine royal, en s'appuyant sur l'Eglise et les bourgeois. Il
connaît le problème du Languedoc : il y est déjà allé deux fois
en croisade. Pour lui, une seule solution : attendre. La situation
pourrira d'elle-même. Amaury de Montfort ne pourra tenir seul face
aux barons du midi, et son seul recours sera ou l'Eglise ou le roi
de France. Effectivement, en 1224, Amaury jette l'éponge et renonce
à ses fiefs en faveur de Louis VIII. Mais il reste un problème :
les comtes occitans sont en place et réclament la reconnaissance
de l'Eglise contre l'expulsion des hérétiques de leurs territoires.
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