COUPABLE DE CROISADE
La croisade contre
les albigeois 1208 - 1243
Au début du XIII° siècle,
le sud de la France
fut l'objet d'une impitoyable guerre qui opposa ses habitants et
seigneurs aux envoyés de l'Eglise Catholique et à ses soldats. Connue
sous le nom de Croisade contre les Albigeois, cette guerre dévasta
le midi pendant plus de trente ans, et laissera une région ravagée
et appauvrie par les combats et les destructions. Les historiens
ont longuement étudié les différents événements et personnages de
cette époque ainsi que les motifs qui ont été invoqués pour le déclenchement
des hostilités. Pourtant, on n'a jamais réellement éclairci qui
avait été le "coupable" de cette triste page d'histoire qui aura
fait tant de morts et de désolation.
1- Les origines
Au départ, c'est bien
sûr l'apparition de la croyance "albigeoise" comme on disait à l'époque
ou "cathare" comme on dira plus tard. Contrairement à ce qu'on peut
penser habituellement, cette croyance n'est pas née dans le midi
de la France, mais probablement dans l'Est de l'Europe, dans l'actuelle
Bulgarie vers le X° ou XI° siècle. La croyance a émergé en s'inspirant
de notions anciennes née en Perse : le manichéisme. Pourtant, le
catharisme est bien une religion s'appuyant sur le Nouveau Testament,
et dont le prière principale est le Pater. Mais de nombreuses différences
séparent les catholiques et les cathares. Pour ces derniers, le
monde céleste, le "royaume", gouverné par un Dieu bon est l'excellence,
la terre et tout ce qu'elle supportait, le "monde", y compris la
vie, est gouvernée par le mal. A partir de ce dualisme de base,
l'ensemble des biens, l'organisation des hommes, la société, le
mariage et la conception, l'argent et le pouvoir temporel, tout
ceci est mauvais, et doit être rejeté par les croyants qu'on appellera
"bons hommes" ou "parfaits" en Languedoc. Les hommes possédent chacun
une âme dont le but ultime est de rejoindre le "Royaume". Ceci n'est
possible que par la connaissance salvatrice du "consolamentum".
Contrairement à la religion catholique où le baptème est une cérémonie
de purification (le prêtre "lave" le baptisé du péché originel),
le consolamentum des cathares est une cérémonie initiatique amenant
la connaissance : le catharisme est une religion gnostique . La
personne "consolée" doit être consciente de ses actes et de l'engagement
qu'elle prend. Le consolamentum n'est pas une introduction au sein
du peuple de Dieu, mais un examen terminal qui permet le passage
de l'âme dans le "Royaume", et qui est le résultat d'une vie de
travail, d'ascése et d'études. Enfin, les vertus principales prônées
par les "bonshommes" ou "Amis de Dieu" sont le courage devant la
souffrance, l'absolu rejet du meurtre et surtout la prohibition
rigoureuse du serment, alors que celui-ci est une des bases du système
féodal.
L'Eglise Catholique, avec son organisation, son clergé, ses possessions,
ses taxes et ses richesses, ainsi que son influence politique de
première importance était bien entendu rejetée par ces croyants.
Il y aura des manifestations insensées pour l'époque de la part
des "hérétiques" : un vendredi Saint par exemple, un hérétique fera
un feu en place publique sur lequel il cuira de la viande pour la
manger ! Il faut imaginer ce que représentait à l'époque le carême
et quelle était l'influence de la vie religieuse sur la vie sociale
pour voir dans cette manifestation une provocation extrémiste !
La croyance se développe peut-être à cause des conditions économiques
difficiles et de la morgue du haut clergé qui va détenir pendant
longtemps avec les grands princes, le prix de la classe sociale
la plus riche. Les hérétiques apparaissent alors dans toute l'Europe,
dans le Sud comme dans le Nord à partir du début du XII° siècle.
Sauf dans certaines parties de l'Europe comme les Balkans, où le
bogomilisme deviendra religion d'état, ou en Italie du Nord, ils
vont être systématiquement éliminés, soit par l'Eglise qui dressera
ses premiers bûchers très rapidement, soit par leurs compatriotes
locaux qui refusent cette négation du système social dans lequel
ils vivent, et sans lequel ils ne savent pas exister.
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