COUPABLE DE CROISADE
La croisade contre les
albigeois 1208 - 1243
13 - Le siège de Montségur
Un an après le massacre
d'Avignonet, l'armée royale se met en marche avec à sa tête Hugues
des Arcis, sénéchal de Carcassonne. Formée de chevaliers français
et de troupes recrutées sur place, cette armée atteint Montségur
et commence l'encerclement. Ce n'est pas si facile : Montségur est
situé sur un "pog", une montagne abrupte et large, couverte de forêt.
Les soldats de l'armée royale essayent de bloquer les passages les
plus fréquentés, mais ne peuvent contrôler les petits sentiers à
flanc de montagne, connus seuls des montagnards locaux. Le siège
prend des allures de passoire car en plus, les soldats recrutés
sur place ont une tendance certaine à familiariser avec l'ennemi,
et à le laisser passer discrètement. Le château est donc ravitaillé
régulièrement en vivres et en armes. Ceci explique la longueur du
siège : installé au mois de mai 1243, Hugues des Arcis est toujours
sur place en Novembre, et Montségur est toujours debout, les réserves
de vivres ne sont pas épuisées et les citernes sont remplies d'eau.
La vie n'est pourtant pas simple dans le château : à l'intérieur
se trouve la garnison, mais aussi nombre de parfaits et parfaites
venus sur le pog comme on viendrait à un pèlerinage. Il faut d'ailleurs
remarquer qu'au lieu d'abandonner le site dès que le siège commençait,
et ils auraient pu le faire facilement, les cathares sont restés
dans leurs cabanes à flanc de coteau, sous le château. Au total
près de 500 personnes vivent en haut de cette montagne exposée à
tous les vents.
Pourtant, au printemps, les renforts arrivent, le siège se fait
plus serré. Hugues des Arcis fait appel à des routiers basques qui
vont réussir à escalader les falaises pour prendre pied sur la plate-forme
qui fait face au château. Depuis cette emplacement stratégique,
ils vont construire une pierrière qui va bombarder sans cesse les
murs d'enceinte de Montségur. Du coté des hérétiques, la menace
est prise très au sérieux : même si la situation n'est pas catastrophique,
il faut réagir avant que le piège se referme. Bertrand de Capdenac,
spécialiste en machine de guerre, est acheminé alors au château
et fait construire une machine qui va répondre coup pour coup à
celle des français. Pourtant un mois plus tard, les français réussissent
à acheter les services de montagnards locaux qui vont se rendre
maître par traîtrise de la barbacane en bois défendant l'entrée
du château. Désormais, le piège est refermé. Les cathares ont eu
juste le temps de faire quitter le pog au trésor qui sera enterré
dans la forêt voisine selon la légende. Les renforts et les vivres
pour Montségur deviennent alors de plus en plus rares, mais le château
tient toujours. Fin février, la situation devient intenable et Raimond
de Pereilha; le seigneur de Montségur, se met d'accord avec Pierre-Roger
de Mirepoix, le chef de la garnison pour tenter une sortie. Ce sera
une hécatombe : les français massacrent les attaquants, et manquent
de peu de pénétrer dans le château en les poursuivant. Le 1er mars,
Montségur capitule.
Curieusement, les conditions exigées par les français ne furent
pas très dures. Il faut dire que le siège durait près d'un an, ceci
expliquant la lassitude des soldats des deux camps, et il faut dire
aussi que de son coté, Raimond VII le comte de Toulouse avait beaucoup
négocié avec le pape et les légats pour obtenir sa réhabilitation
et celle des assiégés de Montségur : à part les hérétiques qui n'abjurèrent
pas et qui allèrent au bûcher, tous les autres habitants du château
sont libérés et pardonnés de leurs crimes éventuels, y compris d'ailleurs
ceux ayant perpétrés le massacre d'Avignonet, qui était un des prétexte
du siège. Les inquisiteurs, eux, n'hésitèrent donc pas : les deux-cent
dix à deux-cent quinze hérétiques furent amenés et brûlés dans un
champ qui s'appelle depuis le champ des "Cramats". C'était la fin
du catharisme. Les parfaits, isolés et n'ayant presque plus de soutien
de la part des occitans, se font prendre peu à peu. Les derniers
irréductibles occitans seront capturés et brûlés lors du siège du
château de Quéribus en 1255. Pour prolonger son action, le Saint-siège
créera les ordres mendiants, notamment les franciscains, avec une
règle proche de la vie de travail et d'ascèse des parfaits. Il est
probable que nombre d'entre eux, notamment ceux des anciens évéchés
cathares italiens, verront dans la règle franciscaine une manière
de finir leur vie sans abandonner leurs principes.
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