COUPABLE DE CROISADE
La croisade contre
les albigeois 1208 - 1243
3 - Les échecs de l'église
Catholique en Languedoc
L'Eglise Catholique
va se retrouver petit à petit en situation d'infériorité numérique,
et ceci, bien que les croyants hérétiques ne représentent pas la
majorité de la population : le bas clergé abandonne ses ministères,
les fidèles se retrouvent plus facilement dans l'hérésie car celle-ci
est finalement beaucoup moins contraignante dans la vie de tous
les jours, et les seigneurs en profitent pour renier leurs engagements
face au pouvoir ecclésiastique. L'évêque de Toulouse s'en plaindra
un des premiers. Il ne faut pas non plus oublier que les sacrements
délivrés par l'Eglise Catholique étaient payants soit directement,
soit par des aumônes, et que les taxes perçues dans les propriétés
de l'Eglise constituaient une part importante des revenus ecclésiastiques.
Le manque à gagner devait donc être assez important. Le premier
échec était donc économique.
En
deuxième lieu, le pouvoir politique prédominant de l'Eglise est
désormais contesté, et il découle directement du troisième échec
qui est social. Les seigneurs soumis auparavant aux ordres et injonctions
des évêques et des cardinaux, commencent à prendre d'autant plus
de libertés qu'ils s'aperçoivent que la base populaire rejette la
domination sociale de l'Eglise. Face à leurs sujets, ils ne craignent
plus l'excommunication comme arme suprême de l'Eglise. Le fait de
ne plus être chrétien n'est plus un motif de rejet de la société.
L'Eglise perd le pouvoir de décider qui fait partie de la communauté.
Elle n'a donc plus de pouvoir social et politique.
Enfin, le troisième échec est spirituel, puisque la religion catholique
n'est plus la référence et ne remplit plus ses églises. Ce pourrait
être le moins important, mais c'est le plus important des échecs,
car le peuple ne sentant plus obligé d'aller à l'église, il n'écoute
plus les sermons et ne se confesse plus ; l'Eglise Catholique ne
"contrôle" plus les pensées et les actes de ses fidèles, ce qu'elle
essaie de faire depuis longtemps dans toute l'Europe.
Face à cette situation, L'Eglise va réagir. La première réaction
du pape est l'envoi de missions d'évangélisation. Lancée d'abord
dans le cadre normal en utilisant le clergé en place, ces opérations
n'obtiennent aucun résultat tangible. Les différents conciles décident
ensuite de mettre en place des opérations extraordinaires proches
de celles qui seront faites dans des pays non-christianisés. Ces
missions sont notamment confiées à un moine espagnol qui sera connu
plus tard sous le nom de Saint Dominique et qui sera aussi à l'origine
de la création de l'Inquisition. Lancées durant le XII° siècle,
toutes ces opérations n'ont aucun succès et contraignent l'Eglise
Catholique à chercher des solutions non plus religieuses, mais politiques
voire militaire. Il faut dire qu'à sa tête se trouve désormais Innocent
III, jeune pape élu en 1198. Dès son élection, un prince bosniaque,
Kouline, se convertit officiellement au bogomilisme.Balkans. Innocent
III provoque une croisade du roi de Hongrie contre le prince, et
n'aura de cesse de lutter contre les hérésies internes. Ceci ne
l'empêchera pas de lancer aussi trois croisades en Terre Sainte.
L'Eglise essaie de faire jouer ses appuis politiques et utilise
son image de conscience du monde. Elle exige d'abord des grands
seigneurs occitans l'arrestation des hérétiques connus. Fin de non-recevoir
de la plupart d'entre eux. Le comte de Toulouse le premier est sanctionné
: en 1208, il est excommunié. Les barons du midi pouvaient pourtant
se douter que l'Eglise Catholique, poussée dans ses derniers retranchements,
essaierait d'avoir l'appui des grands princes d'Europe comme elle
l'a déjà fait dans les nombreuses croisades lancées depuis près
de deux siècles, et ensuite passerait à l'attaque. C'est ce qui
se passe. L'Eglise, supplantée dans tous les domaines en Languedoc,
n'a d'autre choix que de reconquérir par la force cette province
rebelle à sa doctrine. Elle a usé de tous les moyens qu'elle pouvait
utiliser en Languedoc pour inverser le mouvement et retrouver sa
position initiale, et tous se sont trouvés inefficaces. Désormais,
le seul recours est la force militaire, l'écrasement des seigneurs
félons et la destruction des hérétiques pour l'exemple.
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